Depuis le début de l’épisode de canicule qui traverse la France hexagonale, touchant 86 départements dont 16 en vigilance rouge au 1er juillet, l’indicateur iCanicule montre une augmentation des recours aux soins d’urgence pour les hyperthermies, déshydratations et hyponatrémies dans toutes les classes d’âge. Au pic de l’épisode, Santé publique France publie ce mercredi 2 juillet son bulletin hebdomadaire de surveillance, activée dès le premier passage d’un département en vigilance orange le 20 juin.
Cette deuxième édition du bulletin Canicule et santé couvre la période du début de la vague de chaleur jusqu’au 30 juin et recense les recours aux soins d’urgence et les appels à SOS médecins. Le calcul de la surmortalité toutes causes sera quant à lui réalisé après un délai de 15 jours par rapport à l’épisode caniculaire (les données de mortalité en excès et de morbidités associées à la canicule ne seront disponibles qu'à la fin de la saison estivale).
Le nombre de consultations SOS Médecins pour iCanicule était en augmentation pour toutes les classes d’âge entre le 17 et le 23 juin puis en diminution jusqu’au 27 juin. Il est cependant reparti en hausse significative la journée du 30 juin avec 240 consultations, soit 2 % de l’activité totale.
Une augmentation inattendue des hyperthermies chez les moins de 44 ans
Selon la même tendance que pour SOS Médecins, SPF constate un taux de passage aux urgences en augmentation depuis le 16 juin, atteignant un maximum de 0,8 % de l’activité le 30 juin. Les plus de 75 ans, tranche d'âge la plus vulnérable, ont été les plus affectés et représentent près de deux tiers des hospitalisations associées à la chaleur. Les recours quotidiens aux soins d'urgence ont doublé chez cette catégorie de population par rapport au début de la vague de chaleur : 150 entre le 20 et le 30 juin contre 75 entre le 1er et 19 juin, surtout pour des cas de déshydratation (37 %) et d'hyponatrémie (55 %), les trois quarts aboutissant à une hospitalisation.
Un chiffre inattendu cette année : les jeunes classes d’âge (moins de 44 ans) composent les deux tiers des passages aux urgences pour hyperthermie, comptabilisés depuis le 20 juin, avec un pic marqué le 30 juin. Ces visites aux urgences se sont traduites en hospitalisation pour 30 % des moins de 15 ans et 20 % des 15-44 ans.
En vigilance rouge, toute population exposée est fragile
Robin Lagarrigue, chargé d’études à Santé publique France
L’agence sanitaire alerte sur la mauvaise perception du risque par les jeunes qui « considèrent la canicule comme un inconfort, sans percevoir les risques qu’elle fait peser sur leur santé ». Elle rappelle que la notion de vulnérabilité ne se résume pas seulement à l’âge mais aussi à la surexposition. « En vigilance rouge, toute population exposée est fragile », souligne Robin Lagarrigue, chargé d’études à SPF. Ainsi, l’agence insiste sur l’importance de les sensibiliser aux gestes protecteurs à travers des campagnes de communication gouvernementale mais aussi par les professionnels de santé.
Risque de décompensations retardées
Le constat dressé par SPF se ressent aussi sur le terrain. Mardi 1er juillet, le Pr Frédéric Adnet, chef de service du Samu 75 AP-HP, indiquait à l’AFP avoir constaté une augmentation d’appels « essentiellement liés à des malaises, mais pour l'instant pas trop de malaises graves, pas beaucoup d'hyperthermies, une pathologie extrêmement grave ». Il s’attend toutefois à une augmentation de 30 à 40 % d’appels par rapport à la normale du fait de la canicule. D’autant que « les décompensations apparaissent de manière un petit peu retardée par rapport au pic de chaleur », rappelle-t-il à la presse.
Les professionnels de santé s’inquiètent aussi de la situation à Paris, « une ville extrêmement dense, pas du tout adaptée à des chaleurs très fortes », d’après le Dr Nicolas Poirot, régulateur médical. « Il y a beaucoup de personnes âgées qui sont isolées, qui vivent seules, c'est un vrai souci. Il y a aussi beaucoup de SDF dans des états calamiteux, ils vont aussi payer assez cher la période caniculaire », se désole-t-il.
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