Les enfants dont un camarade est positif au SARS-CoV-2 doivent-ils quitter l’école ? À l’approche de la saison des rhumes, tous les enfants présentant des symptômes d’infection ORL doivent-ils être testés ? Doivent-ils rester à la maison ? À la rentrée de septembre 2020, le retour des enfants à l’école interroge et inquiète. Sollicité en urgence pour répondre à ces questions auxquelles le corps enseignant comme les professionnels de la santé sont confrontés et aux « inquiétudes légitimes » liées à d’éventuelles fermetures de classes, le HCSP signe le 17 septembre un avis sur les « stratégies de prévention de la diffusion du SARS-CoV-2 en EAJE et milieu scolaire ».
Dès les premières lignes de cet avis, le HCSP rassure. « Les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2 », rappelle-t-il sur la base de données et d’études épidémiologiques diverses, des recommandations de la Société française de Pédiatrie (SPF) et d’une analyse de risque publiée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 14 septembre. Et puisque le risque de transmission « existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant », au sein des familles ou pendant des « regroupements sociaux avec forte densité de personnes en dehors des établissements scolaires », le Haut Conseil se positionne en faveur de l’application de mesures de prévention modérément contraignantes à l’école.
Éviction de 7 jours seulement pour les enfants (et les adultes) malades
En particulier, alors que ces dernières semaines, les médecins ont fait face à des demandes de certificats de retour à l’école ou à des questions concernant le maintien à l’école d’enfants ayant été en contact avec d’autres élèves positifs au coronavirus, le HCSP n’évoque une éviction de l’école que pour les enfants malades et recommande un retour en classe simple, sans disposition particulière.
Plus précisément, le HCSP se montre en accord avec les mesures prises à la rentrée par l’Éducation nationale : il confirme que les enfants positifs au SARS-CoV-2 doivent rester à leur domicile au moins 7 jours, et ne retourner en classe qu’après disparition des symptômes du Covid-19. Le Haut Conseil précise toutefois que le retour de ces élèves à l’école ne requiert pas la réalisation d’un test, ou le port d’un masque si l’enfant concerné a moins de 11 ans. De même, le HCSP considère que si les enfants présentant des signes d’infection ORL banale doivent bien rester à leur domicile jusqu’à disparition des symptômes, ils peuvent également retourner à l’école sans test obligatoire.
Cependant, l’éviction des enfants asymptomatiques ayant été en contact avec un élève ou un enseignant positif au Covid-19 n’est pas mentionnée par le HCSP. Aussi, une telle mesure ne semble pas recommandée, en particulier si l’élève ou l’enseignant malade en contact avec l’enfant respectait les gestes barrière, conformément aux déclarations du ministre de la Santé Olivier Véran. « Un enfant contaminé doit rester chez lui sept jours mais pas ses camarades », affirmait-il dans son point hebdomadaire du 17 septembre.
Redéfinition des cas contacts à l’école
Dans tous cas, le HCSP propose une nouvelle définition moins inclusive des cas contacts à l’école, définition censée faciliter et alléger la mise en œuvre des stratégies de contact tracing dans les établissements accueillant des enfants.
Selon le Haut Conseil, les adultes portant un masque ayant été au contact d’un enfant Covid +, que celui-ci porte un masque ou non, ne devraient plus être considérés comme des cas-contact. De même, les enfants ayant été au contact d’un adulte positif au coronavirus portant un masque ne devraient pas non plus compter parmi les cas-contact. Dans ces cas de figure, le HCSP recommande donc de ne pas réaliser de contact tracing.
Au contraire, aux yeux du HCSP, un traçage des cas contact est recommandé lorsque le cas index est un adulte ne portant pas de masque, lorsque trois enfants d’une même classe issus de fratries différentes s’avèrent positifs au Covid-19 et lorsque dans les collèges lycées, le cas index est un enfant symptomatique ne portant pas de masque.
Toujours pas de masque obligatoire pour les enfants de moins de 11 ans
Cependant, rien de nouveau ou presque du côté du port du masque. Si le HCSP confirme que les mesures barrières telles que la « distance physique », les « gestes barrière » ou « l’hygiène des mains régulière » doivent continuer d’être appliquées au maximum dans les établissements scolaires, il ne recommande toujours pas de rendre obligatoire le port du masque pour les enfants de moins de 11 ans, comme le réclame un collectif de médecins : seuls les adultes et les enfants de plus de 11 ans doivent porter un masque à l’école. C’est qu’aux yeux du Haut Conseil, le port du masque doit surtout viser, à l’école, à « protéger les enfants d’une contamination par des adultes porteurs du virus et asymptomatiques ».
Pour « protéger les enfants », le HCSP propose toutefois de rendre systématique à l’école le port de masques grand public de catégorie 1 répondant aux spécifications de l’Afnor qui « garantissent un niveau de performance de filtration équivalent aux masques à usage médical ». « Les masques grand public ne répondant pas aux spécifications de la catégorie 1 de l’Afnor ne sont pas recommandés pour les professionnels au contact des élèves », insiste-t-il. Cette précision concernant la qualité des masques ne concerne en fait pas seulement les enseignants, mais aussi les professionnels travaillant dans des structures accueillant des enfants de 0 à 3 ans telles que les crèches, auxquels le HCSP avait déjà consacré un avis le 14 septembre.
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