La Direction générale de la santé (DGS) a détaillé ce 3 septembre les modalités de lutte contre l’épidémie de mpox, au lendemain de la publication des recommandations vaccinales par la Haute Autorité de santé (HAS). S’il y a peu de changement pour la stratégie vaccinale mise en place en 2022 contre le clade 2, qui repose sur une approche à la fois préventive auprès d’un public cible et réactive pour les contacts à risque, la DGS a rappelé l’importance du dépistage, des mesures barrières et de la surveillance, en dévoilant les grandes lignes des recommandations à venir pour les voyageurs.
« L’objectif est de vacciner la population cible d’ici à la fin de l’année », a indiqué le Dr Grégory Emery, rappelant qu’il n’y a pas de situation d’urgence sur le territoire et aucun cas de clade 1b en France (un cas européen rapporté en Suède). Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a estimé « faible » le risque d’introduction du virus sur le continent ainsi que celui de propagation. « Mais on ne peut pas exclure des cas sporadiques dans les prochains mois, l’anticipation est la meilleure des réponses de santé publique », a souligné le Dr Emery. Les trois axes de la stratégie sont ainsi « de prévenir l’émergence du clade 1, de réduire la circulation du clade 2 et de renforcer l’immunité à long terme ».
Environ 200 centres de vaccination
À la suite de la déclaration de l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) face à l’émergence du clade 1b en Afrique, le ministère de la Santé a saisi la HAS pour évaluer si la politique vaccinale contre le mpox déployée depuis la dernière épidémie de clade 2 en France était toujours efficace. Plusieurs épidémies ont lieu en Afrique, le clade 1 ayant provoqué des centaines de décès chez des enfants. Mais la nouvelle version, le clade 1b, apparu en République démocratique du Congo (RDC) semble surtout circuler entre adultes à l'occasion de contacts sexuels, comme c'était déjà le cas avec le clade 2b lors de l'épidémie de 2022.
Alors que le clade 2 circule toujours en Europe à bas bruit, y compris en France avec 129 cas en 2024 entre janvier et fin août (et 14 cas supplémentaires au 3 septembre portant le nombre à 143 à date selon la dernière analyse de Santé publique France), la question principale était de vérifier si les publics cibles étaient toujours les mêmes. Ce à quoi la HAS a répondu par l’affirmative.
Les personnes cibles souhaitant se faire vacciner peuvent se tourner vers l’un des 200 centres de vaccination opérationnels (la liste étant disponible sur le site sante.fr). Toute personne inquiète face à des symptômes évocateurs (fièvre éruptive) est invitée à se tourner pour le dépistage vers son médecin traitant, qui l’orientera vers un laboratoire de ville pour un test RT-PCR, ou l’un des Cegidd, qui opèrent par ailleurs une grande partie de la vaccination. Si le test est positif, le prélèvement est acheminé vers le centre de référence national (CNR) pour déterminer le clade (certains établissements de santé de référence [ESR] sont aussi en capacité de le faire). La maladie est à déclaration obligatoire auprès des agences régionales de santé.
Pour rappel, en préexposition, les personnes cibles à protéger avec le vaccin de 3e génération Imvanex sont, selon la HAS :
- les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires multiples ;
- les personnes en situation de prostitution ;
- les professionnels de lieux de consommation sexuelle ;
- les partenaires ou personnes partageant le même lieu de vie que celles à très haut risque susmentionnées.
Pour rappel, la vaccination repose sur l’administration de deux doses espacées au minimum de 28 jours, ou une dose unique pour les personnes ayant été vaccinées avec une dose de première génération avant 1980, ou trois doses pour les personnes immunodéprimées.
Un rappel pour renforcer le niveau d’immunité
À noter quelques évolutions :
- le public cible non vacciné ou n’ayant pas terminé son schéma vaccinal est invité à le compléter ;
- le public cible ayant complété son schéma vaccinal en 2022 est invité à recevoir une dose de rappel ;
- en cas d’infection depuis 2022, aucune vaccination n’est recommandée.
La vaccination réactive s’adresse aux contacts à risque et aux personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec une personne contact. S’il n’y a pas de recommandations particulières pour les professionnels de santé, tout soignant exposé à un risque (par exemple pas de mesures barrières avec gants face à un patient infecté) est éligible à la vaccination réactive. « La vaccination doit être idéalement administrée dans les quatre jours suivant le premier contact et au plus tard dans les 14 jours », rappelle la HAS.
Quels sont les voyageurs à vacciner ?
Dans tous les cas, les mesures barrières sont rappelées car « la vaccination ne protège pas à 100 % », rappelle le directeur général de la santé. À savoir l’utilisation de préservatifs, le nettoyage de sextoys, le non-partage de vaisselle et de linge avec une personne infectée, mais aussi le fait de contacter ses partenaires en cas de symptômes. Le numéro vert « Mpox info service » (0 801 90 80 69) est actif tous les jours de 8 à 23 heures.
Concernant les voyageurs se rendant dans un pays où la maladie circule activement, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) va rendre sous peu son avis mais le Dr Emery en a d’ores et déjà communiqué les grands messages, (le rapport est consultable sur le site du ministère). Il n’y a pas besoin de se faire vacciner sauf pour les voyageurs les plus à risque. C’est-à-dire les « voyageurs ayant des pratiques sexuelles à risque », les « soignants et travailleurs humanitaires », les « personnes originaires des zones à risque partant rendre visite à leur entourage ». Les mesures standards d’hygiène sont rappelées pour tous : éviter le contact avec les petits animaux, la consommation de viande de brousse ou encore les rapports sexuels avec des personnes non connues.
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