Quand le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient déjà vacciné plusieurs centaines de milliers de leurs citoyens contre le Covid-19, la France n’avait dans le même temps administré que 516 doses au 1er janvier (depuis le 27 décembre). Ce lancement au ralenti de la campagne de vaccination a valu au gouvernement d’essuyer une pluie de critiques, Emmanuel Macron déplorant « un rythme de promenade en famille (...), à la hauteur ni du moment, ni des Français », selon une indiscrétion révélée par le Journal du dimanche. Face aux critiques de tous bords, le gouvernement tente d’accélérer le mouvement, tout en appelant citoyens, politiques et observateurs à ne pas juger à la hâte une campagne de vaccination ayant démarré il y a moins de deux semaines. « C’est un marathon », ont ainsi fait valoir plusieurs membres du gouvernement sur les plateaux de télévision et à la radio.
Les médecins finalement prioritaires
Il n’empêche, la France doit accélérer la cadence si elle veut éviter un procès en incompétence et en impréparation. Jean Castex et Olivier Véran l’ont bien compris. Le Premier ministre a affiché l’objectif d’un million de personnes vaccinées d’ici à la fin du mois. Quant au second, il a annoncé, le jour de la Saint-Sylvestre, quelques instants avant les vœux d’Emmanuel Macron à la nation, que les soignants âgés de 50 ans et plus « qui le souhaitent » pourraient se faire vacciner dans les centres disposant déjà de vaccins dès le lundi 4 janvier. Ce qui n’était pas prévu à l’origine.
Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) formulées fin novembre, la vaccination de cette catégorie de la population n’aurait dû intervenir qu’à l’issue de la phase 2, à la fin janvier, après une phase initiale réservée aux résidents et personnels des Ehpad puis à la vaccination des personnes âgées de plus de 75 ans et de 65 ans ayant des comorbidités. Dans le Grand-Est, durement touché, et à Paris, les vaccinations de soignants ont même pu débuter dès la fin de la semaine dernière. À Paris, une centaine de soignants a pu recevoir une première dose de vaccin anti-Covid samedi à l’Hôtel-Dieu. Parmi les premiers professionnels, un médecin généraliste : le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom).
Pour permettre aux soignants de plus de 50 ans de se faire vacciner rapidement, Olivier Véran a indiqué mardi à RTL qu’il avait demandé à la centaine d’hôpitaux disposant de doses du vaccin de « développer (chacun) dès cette semaine un centre de vaccination destiné à la médecine de ville, aux aides à domicile et aux pompiers ». Selon le ministre, « 500 à 600 » de ces centres seront déployés au total d’ici à la fin janvier.
Alors que la vaccination suscitait déjà des interrogations chez une grande part de Français avant la campagne, la lenteur de son démarrage n’arrange rien. En avançant la date à partir de laquelle une partie des médecins et des autres professionnels de santé pourront se faire vacciner, le ministre de la Santé espère sans doute restaurer la confiance des Français. La défiance vaccinale s’est en effet amplifiée chez nos concitoyens ces dernières semaines. Selon une enquête Odoxa publiée lundi, 58 % des Français ne souhaitent pas franchir le pas (+8 points en un mois), les plus jeunes étant les plus réticents puisque seuls 32 % des 35-49 ans souhaitent être vaccinés quand ils sont 58 % chez les plus de 65 ans.
MG France et la CSMF réclament la vaccination de tous les soignants
De leur côté, les syndicats de médecins libéraux ne se contentent pas de l’ouverture de la vaccination aux soignants de 50 ans et plus. Ils réclament que l’ensemble des soignants, hospitaliers comme de ville, puissent se faire vacciner. MG France demande quant à lui « que les médecins généralistes et les professionnels libéraux de proximité bénéficient d’une vaccination dans l’Ehpad le plus proche de leur lieu d’exercice ». Interrogé dimanche par France Info, le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, a estimé qu’en plus de protéger les Français, ouvrir la vaccination anti-Covid à tous les soignants permettrait à ces derniers de « montrer l’exemple ». « C’est un devoir éthique vis-à-vis de nos patients que de se faire vacciner dans les plus brefs délais et ainsi de les entraîner à le faire aussi. (…) Il faut que leurs soignants montrent qu’ils ont confiance en cette vaccination, parce que les Français ont confiance en leur médecin, en leur infirmière, en leur pharmacien. » La CSMF a organisé mercredi, dans une maison de garde de banlieue parisienne, une séance de vaccination de personnalités du monde de la santé (le Pr Axel Kahn, les Drs Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, le Pr René Frydman…) en présence d’Olivier Véran.
La FMF affiche quant à elle sa frustration de ne pas voir les médecins libéraux suffisamment associés à la campagne de vaccination. Le syndicat déplore le manque de vaccins « non seulement dans les Ehpad mais aussi dans leur cabinet ou lieu dédié » et s’interroge : « Où sont les 500 000 vaccins par semaine promis ? ». Une question reprise par de nombreux responsables politiques qui redoutent une nouvelle pénurie de doses, après celle des masques.
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