Des cas d’hépatites, de pancréatites, de rhabdomyolyses, d’atteintes psychiatriques et cardiaques… ont été rapportés au dispositif de nutrivigilance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à la suite de la consommation de compléments alimentaires à base de Garcinia cambogia (Tamarinier de Malabar ou Brindle Berry). Cette plante, interdite en France depuis 2012 dans les médicaments ou préparation médicinale, est tout de même autorisée dans l’Union européenne pour la formulation de compléments alimentaires, généralement destinés à la perte de poids.
Entre 2009 et mars 2024, l’agence de sûreté a enregistré 38 signalements d’effets indésirables concernant même des personnes n’ayant aucun antécédent médical. Ces derniers s’ajoutent aux signalements enregistrés dans d’autres pays européens (n = 25) et nord-américains (n = 134). De plus, six cas supplémentaires ont été transmis par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). L’Anses lance ainsi « une alerte » et déconseille – sans interdire, faute de pouvoirs de police sanitaire – la consommation de produits à base de Garcinia, d’autant qu’elle a également identifié « plusieurs interactions médicamenteuses de nature à entraîner une augmentation des effets indésirables ou une perte d’efficacité des médicaments ».
Un cas d’hépatite fulminante mortelle
L’Anses a ainsi enregistré un cas d’hépatite fulminante mortelle survenu chez une femme de 71 ans – avec antécédent « sans particularité » d’hypertension artérielle traitée – après avoir consommé un complément alimentaire à base de Garcinia cambogia, ainsi que cinq autres d’hépatites (dont cytolyse hépatique). Pour tous ces cas, l’Anses a statué à une imputabilité « vraisemblable » et « possible » de Garcinia. Les autres effets indésirables rapportés avec une imputabilité vraisemblable sont majoritairement cardiovasculaires (n = 6) et digestifs (n = 5). Certains se sont manifestés chez des personnes ayant des antécédents de troubles psychiatriques, de pancréatite ou d’hépatite, ou atteintes de certaines maladies cardiométaboliques comme le diabète, l’obésité, l’hypertension, ainsi que chez des personnes traitées par des médicaments connus pour affecter la fonction hépatique (traitements antirétroviraux ou antidépresseurs) ; mais d’autres ont été signalés chez des consommateurs sans aucun antécédent médical.
Des demandes d’évaluation européennes en cours
L’Anses rappelle que les compléments à base de Garcinia cambogia font encore l’objet « de demandes d’évaluation des allégations de santé » auprès de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa). En attendant le résultat de ces évaluations, le règlement en vigueur ne s’oppose pas à l’utilisation de ces allégations, ce qui, selon l’Anses, « est de nature à induire en erreur le consommateur, qui peut penser que l’allégation a été évaluée ».
L’interdiction concernant les médicaments et les préparations médicinales stipule quant à elle que les préparations à base de Garcinia « n’ont pas prouvé leur efficacité et peuvent exposer le patient à des risques pour la santé ».
En parallèle, une évaluation par l’Efsa des risques associés à l’ingestion d’acide hydroxycitrique (AHC), présent dans le fruit de la plante, pourrait « conduire à restreindre voire interdire cette substance et les préparations de plantes en contenant », d’après l’Agence.
Enfin, au-delà du cas spécifique de Garcinia, l’Anses souligne « la nécessité d’une harmonisation européenne des listes de plantes, parties de plantes, usages et doses autorisés dans les compléments alimentaires, ainsi que des restrictions et avertissements encadrant leur utilisation ». Ceci d’autant plus que les cas de nutrivigilance recensés pour Garcinia renseignent la présence, dans les compléments alimentaires consommés, d’autres ingrédients pouvant causer des effets indésirables, dont hépatotoxiques (extrait de thé vert, chrome, poivre, levure de riz rouge, café vert, cannelier de Chine, curcuma, caféine, pipérine, séné, guarana, maté). « La perte de poids sans indication médicale comporte des risques, surtout quand la personne adopte des pratiques alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées. Toute démarche d’amaigrissement nécessite l’accompagnement d’un professionnel de santé », conclut la HAS.
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