« Nous ne prenons pas soin de notre santé. Ce que ce sondage sur l'ensemble du secteur interroge, c'est la peur des soignants de parler avec un autre soignant, un confrère », affirme Agnès Firmin Le Bodo, déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé dans une table ronde* le mardi 23 mai au salon Santexpo. Fin mars, la ministre avait annoncé le lancement de travaux de recherche pour collecter des données sur la santé des professionnels de santé. L'ambition ? Préparer une feuille de route pour préserver la santé des soignants. Dans la foulée, Agnès Firmin-Le Bodo a missionné trois personnalités du secteur — le Dr Philippe Denormandie, la Dr Marine Crest-Guilluy et Alexis Bataille-Hembert — pour mener à bien ce projet.
20% des soignants sondés se jugent en bonne santé
50 000 soignants ont répondu à l'enquête en ligne. 35 % des soignants sondés ont consulté un médecin moins d'une fois par an. 20 % seulement des sondés se jugent en bonne santé. Plus de la moitié d'entre eux ont des problèmes de sommeil et doivent prendre des médicaments pour dormir la nuit. Une révélation surprenante de cette enquête selon Philippe Denormandie (fondation MNH) et Arnaud Robinet (FHF) est que la souffrance des libéraux est plus importante que celle des professionnels de santé exerçant en établissement. Les premiers subissent encore plus de problèmes de concentration et de stress que les hospitaliers. Ces trois acteurs appellent « à lever les tabous, à passer à l'action, à prendre le sujet à bras le corps ».
Les hôpitaux, des laboratoires de politique publique de prévention ?
« Nous pourrions nous servir des établissements de santé comme de laboratoires de politique publique de prévention », suggère Arnaud Robinet. « La priorité, c'est d'en parler collectivement. Il faut travailler sur les mots, sur le dire », assène Philippe Denormandie, qui souligne les violences inhérentes au métier (patient-aidant/intra-équipe/institutionnelle et managériale/mort des patients). « La résilience observée pendant la pandémie a fait place à une fatigue psychique », complète Agnès Firmin Le Bodo. Quels remèdes y apporter ? Des éléments pour améliorer la qualité au vie ont été apportés pendant la crise sanitaire (qui a permis de prendre conscience du phénomène de fatigue des professionnels de santé), comme des salles de sport à l'hôpital.
Ces trois acteurs appellent à documenter la recherche via des organismes comme la Drees ou la Fondation MNH. Outre ce travail de collecte de données dédiées, la minstre appelle à remonter du terrain toutes les expérimentations positives des territoires. « Les professionnels de santé sont innovants, mais ne sont pas dans le partage collectif », déplore-t-elle. Ces indicateurs serviront à ramener au même niveau l'état de santé des professionnels de santé que celui de la population générale, argumente Arnaud Robinet.
* Prendre soin de la santé des professionnels organisé par le ministère de la Santé et de la Prévention et la MNH (actionnaire unique de Décision Santé).
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