Contrairement à ce qui s’était passé en 2009 lors de l’épidémie de H1N1, les médecins généralistes devraient jouer un rôle central dans la campagne de vaccination contre le Covid-19, qui doit démarrer début 2021. Toutefois les omnipraticiens ignorent encore, pour l’heure, presque tout de leur implication dans cette nouvelle étape. « Cela n’avance pas vite, a regretté jeudi matin le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, lors d’une conférence de presse. Je ne suis pas très content de la façon dont les choses vont. »
Si les syndicats de médecins ont bien participé à des réunions de concertation avec les autorités, celles-ci ont été trop courtes pour que ceux-ci puissent partager leur vision des choses. « Il n’y a pas encore eu de véritable concertation sur comment nous devrons nous organiser », résume le président de MG France. Concernant la rémunération des médecins de famille, les syndicats ne disposent pas de plus d’informations. « Aucun dialogue n’a été instauré sur le sujet avec l’Assurance maladie, ni avec le gouvernement », indique le Dr Battistoni.
Une consultation de pré-vaccination
Seule certitude : une consultation de pré-vaccination devrait être mise en place. Au cours de cet acte, les médecins de famille devraient interroger les patients et leur prodiguer les conseils nécessaires, avant d’éventuellement leur prescrire le vaccin anti-Covid, avec leur consentement. Selon MG France, les patients devraient être invités à réaliser cette consultation au moment où ils seront appelés, en fonction de la catégorie de population à laquelle ils appartiennent, à se faire vacciner.
Les médecins « prudents » mais « déterminés »
En attendant d’en savoir plus sur l’organisation de la campagne de vaccination, le Dr Battistoni a présenté sa vision du rôle des omnipraticiens. « Leur premier rôle sera de prescrire, a-t-il expliqué. Avec tout ce que cela implique ». « Prescrire un vaccin c’est comme prescrire un médicament. Un vaccin a des avantages, des inconvénients, des effets secondaires éventuellement. Bien entendu, nous regarderons ce vaccin comme on le fait pour un nouveau médicament, nous vérifierons qu’il apporte quelque chose sans faire prendre de risques à nos patients, assure le président de MG France. Nous sommes déjà extrêmement attentifs. » « Nous sommes prudents mais aussi déterminés à utiliser la vaccination comme une arme à notre service », affirme-t-il également.
Les médecins généralistes auront fort à faire, tant les vaccins contre le Covid suscitent un scepticisme chez les Français. « Il n’y a pratiquement pas une consultation de médecine générale où la question de la 3e vague ou de la vaccination n’est pas abordée, observe MG France. Il y a un questionnement très fort de la population. » « Les gens sont méfiants comme nous, médecins, le sommes, fait-il remarquer. Nous avons besoin d’en savoir plus, nous avons peur de l’inconnu. »
Le rôle des médecins sera donc aussi « de contribuer à éclairer le débat » en « s’informant au maximum eux-mêmes », a expliqué le Dr Battistoni. Et celui-ci de préciser avoir demandé un « maximum d’informations » au ministère de la Santé, qui s’est engagé à tenir un « questions-réponses » pour répondre aux questions de tous les médecins : durée d’efficacité du vaccin, protection ou non de l’entourage du vacciné, nécessité de se vacciner pour les personnes ayant été atteinte par le Covid de façon prouvée etc.
Enfin, le leader de MG France a réclamé que les médecins traitants, ainsi que les autres professionnels de santé qui vaccineront, bénéficient d’une « protection assurantielle au plus haut niveau ». « Il s’agit d’une mission de service public. À ce titre, les généralistes doivent profiter d’une protection juridique par rapport aux aléas de la vaccination », a argumenté Jacques Battistoni.
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