LE QUOTIDIEN : Comment jugez-vous cette ROSP 2 018 ?
NICOLAS REVEL : Après une année de transition, nous avons renoué avec une dynamique positive sur la progression des indicateurs, le nombre de médecins bénéficiaires de la ROSP médecin traitant de l'adulte et le montant moyen de la prime. Sur les 29 indicateurs que compose la nouvelle ROSP, 2 ont été neutralisés, 4 sont déclaratifs et 23 sont calculés par l'Assurance Maladie.
Sur ces 23 indicateurs, 83 % ont progressé, contre 74 % l’année dernière. 67 381 médecins sont bénéficiaires de la prime, soit 24 % de médecins en plus. Le montant de la rémunération pour un médecin généraliste est en hausse de 6,4 %. Pour cette spécialité, si l’on cumule les deux ROSP médecin traitant adulte et enfant, la rémunération moyenne s'élève à 5 068 euros, soit une hausse de 7, 6 %. Et si l’on ajoute le forfait structure dont le montant moyen va être de 2 517 euros cette année et qui sera versé en mai, la prime moyenne d’un médecin généraliste est de 7 585 euros contre 6 163 euros en 2017.
Vous avez réajusté à la baisse les objectifs cibles et intermédiaires. Les résultats sont-ils à la hauteur ?
En 2016, nous avions relevé de façon trop volontariste ces seuils qui permettent de calculer le niveau de la prime. C’est pourquoi nous avons procédé à un réajustement l’année dernière. Mais au-delà des seuils financiers, ce qui nous importe, c’est l’évolution des résultats obtenus d’une année sur l’autre. Ils progressent pour la très grande majorité des 27 indicateurs. Globalement, les pratiques et le suivi ont évolué favorablement sur les trois volets de la ROSP : prévention, suivi des pathologies chroniques et efficience des prescriptions.
Comme l’an passé, les résultats sur la prévention sont en demi-teinte. Pourquoi ?
Oui, c’est en demi-teinte, comme chaque année depuis la création de la ROSP en 2012. Les résultats relatifs à la vaccination antigrippale, à l’antibiothérapie et à l’iatrogénie sont bien orientés, même si, pour cette dernière, des efforts restent à faire pour réduire la part des patients traités par benzodiazépine hypnotique. En revanche, les évolutions en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal sont en recul, ce qui est préoccupant. Le dépistage du cancer colorectal connaît un recul d'un point après des résultats très encourageants en 2017. Je ne me l’explique pas car il n’y a pas eu en 2018 de difficultés objectives sur la disponibilité des kits de dépistage.
Y a-t-il eu un impact de la rupture des vaccins antigrippaux fin 2018 ?
Je ne le pense pas car c’est un des indicateurs de prévention qui a le plus progressé, contrairement aux années précédentes. Je sais qu’il y a eu des tensions ici ou là en fin de période, mais cela demeure ponctuel et, je le répète, c’est la première fois qu'il y a eu une telle progression du taux de vaccination, tant chez les patients âgés de 65 ans et plus que chez les patients de 16 à 64 ans en ALD ou présentant une maladie respiratoire.
Envisagez-vous l'extension du dispositif à d’autres spécialités comme le recommande le rapport Aubert ?
Nous en avons posé le principe dans la convention 2016. La ROSP a été étendue l’année dernière aux endocrinologues qui vont recevoir leur première ROSP en juin. L’idée d’étendre le dispositif à d’autres spécialités est très intéressante mais cela nécessite un travail propre à chacune pour définir des indicateurs pertinents et spécifiques. Nous en parlerons avec les syndicats.
La FMF et le SML réclament la fin de la ROSP et la réaffectation des moyens dans un vrai forfait structure. Qu'en dites-vous ?
Ce sont deux éléments complémentaires qui ont chacun leur intérêt. La ROSP permet de valoriser des pratiques ou des prises en charge porteuses d’un enjeu de santé publique ou d’efficience médico-économique. Sous une forme ou sous une autre, tous les pays le proposent. Et cela a un impact réel sur la pratique professionnelle quand on regarde ce qui se passe sur les nouveaux indicateurs depuis que nous les avons introduits en 2016. Nous sommes engagés dans la bonne direction.
Article suivant
Les chiffres de la ROSP l’an passé
Nicolas Revel : « Nous avons renoué avec une dynamique positive »
Les chiffres de la ROSP l’an passé
Encore des progrès à faire sur le volet prévention
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation