Afin de faire de l’activité physique (AP) un « traitement à part entière », la Haute Autorité de santé (HAS) propose de nouveaux outils pour faciliter sa prescription au quotidien. Avec notamment un guide « de consultation et de prescription médicale d’activité physique chez l’adulte » et cinq nouveaux référentiels d’aide à la prescription pour l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, l’asthme, le diabète de type 1, la maladie de Parkinson et les troubles schizophréniques ainsi qu’une mise à jour pour le syndrome coronarien chronique.
« En mettant à disposition des médecins, des masseurs-kinésithérapeutes et des enseignants d’activité physique adaptée l’ensemble de ces outils complets, argumentés, sourcés, la HAS poursuit sa contribution à la lutte contre l’inactivité physique et la sédentarité, priorité de santé publique », s'est félicitée le Pr Dominique Le Guludec, lors de la présentation du guide le 6 septembre.
Si comme le souligne la présidente du Collège de la HAS, « les bienfaits de l’activité physique sur la santé sont désormais largement connus et validés, y compris pour les personnes vivant avec une maladie chronique », sa prescription peine encore à décoller. Dans une étude de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), moins de 30 % des médecins déclaraient s’y être déjà lancés. « Les mentalités doivent fortement évoluer et le chemin sera long car nous en sommes malheureusement au même niveau qu’il y a 60 ans vis-à-vis du tabac », regrette le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes et professeur émérite à l’Université de Rennes.
Lever les freins à la prescription
Parmi les freins à la prescription, la HAS pointe notamment l’absence de recommandations sur les modalités de consultation et de prescription médicale. Un vide que le nouveau guide espère combler en abordant « toutes les étapes du repérage du patient inactif à risque pour l’activité physique, à la prescription, la dispensation et le suivi de l’activité physique », résume la HAS.
Les craintes des praticiens vis-à-vis des risques d’évènements cardiovasculaires graves liés à la pratique d’une activité physique, en particulier chez les personnes fragiles ou atteintes de maladies chroniques, entrent aussi en ligne de compte. Pourtant, « la balance bénéfice-risque est largement favorable avec la pratique d'une activité d'intensité modérée », insiste le Pr Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, responsable du service de médecine du sport au CHU de Clermont Ferrand, et présidente de l’ONAPS. « Il n’y a pas de risque à prescrire une activité physique adaptée (APA) », appuie le Pr Carré et généralement « il n'est pas nécessaire d'effectuer des examens qui vont retarder la prescription : l'épreuve d'effort n'est pas utile pour l'APA ».
Reste la question du coût pour les patients. Sur ce point les lignes pourraient bouger prochainement avec la présentation au Parlement cet automne d’un rapport sur la prise en charge par l’Assurance maladie des séances d’activités physiques adaptées. « L’idée est bien de rembourser un certain nombre de séances », confirme le Pr Le Guludec.
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