Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé le 20 octobre au « passage rapide » de l'aide humanitaire vers Gaza après 14 jours de guerre entre le Hamas et Israël. « Nous échangeons activement avec l'Égypte, Israël et les États-Unis, afin de nous assurer que les camions (d'aide) puissent traverser le plus rapidement possible », a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse à Rafah en Égypte, unique ouverture sur l’enclave palestinienne qui ne soit pas contrôlée par Israël.
Depuis le 9 octobre, le gouvernement israélien impose un siège à la bande de Gaza et refuse d'ouvrir ses passages frontaliers avec Gaza. Mais les États-Unis sont parvenus à convaincre le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, de donner son feu vert à l'envoi d'aide depuis l'Égypte, via le passage de Rafah.
Alors que des dizaines de camions attendent depuis des jours à la frontière égyptienne pour se rendre dans la bande de Gaza, où vivent 2,4 millions de Palestiniens, le chef de l'ONU a évoqué « des vérifications qui doivent être efficaces tout en étant rapides ». Israël a précisé qu'il s'assurerait que l'aide ne parvienne pas au Hamas mais seulement aux « civils » du « sud de la bande de Gaza ».
Une goutte d'eau dans l'océan des besoins
Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d'urgence à l'ONU, a indiqué que « la première cargaison était censée arriver demain (le 21 octobre) au plus tôt ». « Ces camions ne sont pas seulement des camions, (...), ils représentent la différence entre la vie et la mort pour tellement de monde à Gaza », a insisté Antonio Guterres.
Plus tôt, le président américain, Joe Biden, avait affirmé avoir obtenu du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, la garantie de « laisser jusqu'à 20 camions traverser » la frontière. L'ONU estime à au moins 100 camions par jour les besoins des Gazaouis. Avant la guerre, les habitants de la bande de Gaza, soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que la prise de pouvoir du Hamas en 2007, dépendait déjà pour 60 % d'entre eux de l'aide alimentaire internationale.
Pour le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'accord conclu pour l'entrée de 20 camions est une « goutte d'eau dans l'océan des besoins ». Et de préciser, depuis le siège de l’OMS à Genève : « Il faudrait 2 000 camions ».
« Nous n'œuvrons pas pour le passage d'un seul convoi mais pour qu'un nombre significatif de convois soient autorisés à passer, afin d'avoir assez de camions pour soutenir la population de Gaza », a ajouté le patron de l’ONU, alors qu’aucun chargement d’aide alimentaire ou médicale n'a jusqu'ici pu entrer à Gaza, plaçant les habitants au bord de la « catastrophe », interpelle l’ONU.
Les ONG se tiennent prêtes
Sur place, plusieurs ONG se tiennent prêtes à franchir le poste frontière de Rafah, à l'image de l'association Mehab. Son directeur général, Mego Terzian, reste pessimiste quant à la suite des événements. « Je ne crois pas que la frontière s'ouvre ce week-end, ni même dans un avenir proche », explique au Quotidien ce vétéran de l'aide humanitaire, déjà présent lors des conflits israélo-palestiniens de 2008-2009 et de 2014. « En 2014, nous n'avons été autorisés à faire passer la frontière à quelques camions que deux fois en 33 jours de combat, se souvient-il. En 2008 et 2009, un seul convoi avait pu passer, juste avant le cessez-le-feu. »
Mehab s'est mise en relation avec deux associations palestiniennes chargées, dès que la frontière sera ouverte, de convoyer deux containers d'aide humanitaire, dont l'un patiente déjà coté égyptien. Ils apportent des médicaments et du matériel chirurgical consommable (compresses, fils, aiguilles, antalgiques). Une consultation médicale sera également installée, destinée aux populations déplacées, établies dans des camps spontanés du sud de la bande de Gaza.
L'eau potable, le problème majeur
« Nous allons aussi essayer de faire parvenir de la nourriture et surtout de l'eau potable, car depuis que la bande de Gaza n'est plus alimentée en carburant, les pompes ne fonctionnent pas, rapporte Mego Terzian. Des hôpitaux sont toujours fonctionnels, comme l'hôpital central d'Al Shifa, et les médecins et infirmiers qui sont restés sont habitués à soigner des blessures de guerre et savent gérer les afflux de blessés. Ils disposent en outre de réserves de médicaments pour tenir quelques jours. C'est donc l'eau potable qui est le problème majeur actuellement. »
Bien que toujours en état de marche, les hôpitaux gazaouis pourraient bientôt se retrouver dans une situation critique. « Ils manquent de carburant et ne peuvent pas produire l’électricité nécessaire aux extracteurs d'oxygène, consommé en grande quantité, alerte Mego Terzian. Les anesthésiants et les antalgiques commencent aussi à manquer. »
Mego Terzian décrit la situation comme « extrêmement chaotique : même les ONG sur place depuis 25 ans ont des difficultés à travailler ». Dans le Sud, les populations déplacées sont à l'abandon, et les maladies chroniques et les diarrhées ne sont pas prises en charge.
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