Les résultats de l’essai Ipergay, mené sur plus de 400 volontaires gays ou bisexuels, susceptibles d’avoir des rapports à risque (multiples, non protégés), ont démontré une efficacité du Truvada® en préventif par rapport à l’infection à VIH, supérieure au placebo, de l’ordre de 80 %. « Ces données demandent à être affinées, mais il s’agit déjà d’un haut niveau de protection, avec des résultats meilleurs que tout ce qui a déjà été présenté dans ce domaine », souligne le Pr Jean-Michel Molina (hôpital Saint-Louis, Paris), le coordinateur de l’étude.
Dans le projet Ipergay, réalisé sous l’égide de l’ANRS, le Truvada® n’était pas pris tous les jours, comme dans les essais précédents, mais avant et après le rapport sexuel à risque (2 cp 24 heures avant, 1 cp 24 heures après et 1cp 48 heures après). Cet essai vs placebo avait deux objectifs. D’une part, confirmer et apprécier dans le contexte européen le bénéfice de la PReP (prophylaxie pré-exposition), les études de prévention contre le VIH ayant eu surtout lieu dans le tiers-monde. D’autre part, prouver qu’une prise à la demande peut suffire à obtenir une meilleure observance.
En France, le nombre de nouvelles contaminations par le VIH reste élevé : plus de six mille par ans. De plus, 99 % des contaminations se font par voie sexuelle. Un certain nombre d’études ont été effectuées dans le monde en utilisant les médicaments antirétroviraux en prévention sur des personnes séronégatives à risque d’attraper le VIH lors des rapports sexuels, résidant dans des pays de forte endémie ou en raison de leur appartenance à des groupes à risques.
Une combinaison de deux antirétroviraux
La plupart de ces travaux ont été réalisés avec le Truvada®, combinaison de deux antirétroviraux (deux analogues nucléosidiques inhibiteurs de la reverse transcriptase, le ténofovir, et l’emtricitabine) utilisés depuis des années pour le traitement des personnes séropositives et employés ici pour protéger des gens non infectés.
Parmi les études réalisées ces quatre dernières années, les seules effectuées sur une population gay étaient Iprex et Proud, dans laquelle les participants devaient prendre le traitement préventif tous les jours.
À l’issue de l’essai Iprex, le taux de protection s’est avéré de 42 %, chiffre décevant, qui s’explique, selon le Pr Molina, par une observance difficile de ce traitement préventif en continu. « D’où l’intérêt de l’étude Ipergay qui cible la prise sur un laps de temps limité, facilitant ainsi l’observance thérapeutique », souligne le Pr Molina. De plus, « aucun patient n’a été obligé d’arrêter l’étude du fait d’effets secondaires ».
Jean-Michel Molina précise que « le Truvada® ne vise pas à remplacer le préservatif qui a aujourd’hui rempli son rôle et permis de contenir l’épidémie mais viendrait en complément ». « Au-delà du cadre de l’étude, ces résultats pourraient être étendus à la prévention du sida chez les hétérosexuels dans des situations à risques, comme ceux qui ont des rapports multiples en dehors de leur couple, mais il n’a pas d’intérêt chez les couples sérodiscordants habituellement traités par trithérapie », ajoute-t-il.
Reste maintenant à obtenir du gouvernement l’AMM pour ce médicament en usage préventif, ce qui, d’après le Pr Jean-Michel Molina, ne devrait pas tarder au vu de ces résultats.
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