Quatre sociétés savantes américaines* proposent des recommandations nutritionnelles pour soutenir le traitement de l’obésité par aGLP1. Selon elles, « les interventions fondées sur des données probantes en matière de nutrition et de mode de vie améliorent les résultats du traitement de l'obésité par aGLP1, ainsi que l'observance, les gains de santé et le maintien du poids à long terme ». Au nombre de huit, ces « priorités nutritionnelles » font l’objet d’un avis conjoint publié dans quatre revues scientifiques** et présenté au congrès 2025 Nutrition (Orlando, Floride, USA).
« La plupart des personnes à qui sont prescrits des aGLP1 ne bénéficient pas actuellement de conseils nutritionnels ni d’un accompagnement comportemental adéquat », expliquent les auteurs. Or, ces mesures sont bénéfiques pour « maximiser l'efficacité, obtenir des résultats plus équitables et optimiser le rapport coût-efficacité dans le monde réel ».
Si dans les essais cliniques, les thérapies par aGLP1 ont révélé des réductions moyennes de poids allant de 5 à 18 %, en vraie vie une récente étude parue dans Obesity a montré une réduction moyenne de poids à 1 an de 8,7 % avec le sémaglutide ou le tirzépatide (contre 14,9 % dans l’essai Step 1 pour le sémaglutide et jusqu’à 20,9 % dans l’essai Surmount-1 pour le tirzépatide). De même, « les améliorations des résultats métaboliques, fonctionnels et cardiovasculaires sont moins marquées en vraie vie », rapportent les auteurs des recommandations. Une efficacité diminuée qui s’expliquerait par des doses prescrites plus faibles et une observance à long terme qui s’érode.
« Le médicament seul n'est pas une solution complète »
Pour maintenir et optimiser les bénéfices de ces traitements, les auteurs estiment la nécessité de « soins complets qui intègrent l'intervention sur le mode de vie – en particulier la thérapie nutritionnelle – dans le plan de traitement ». Ceci d’autant plus compte tenu de la fréquence « des effets indésirables gastro-intestinaux, du risque de carence en nutriments (vitamines et minéraux), de la perte musculaire et osseuse », mais aussi du risque de reprise pondérale. Dans l’étude d’Obesity, 20,4 % des patients ont arrêté leur traitement « précocement », en partie en raison des effets secondaires. Parmi les effets indésirables gastro-intestinaux les plus communs sont retrouvés nausées, diarrhée, vomissements, constipation et douleurs abdominales. Si dans les essais cliniques ces derniers « mènent rarement à un arrêt », en pratique clinique « quelques données disponibles montrent une influence de ces effets sur l’observance et aussi le risque de carences ».
L'avis souligne huit priorités nutritionnelles :
- une initiation du traitement centrée sur le patient ;
- une évaluation nutritionnelle minutieuse pré-thérapeutique ;
- une gestion des effets indésirables gastro-intestinaux ;
- une alimentation personnalisée, riche en nutriments et peu transformée ;
- la prévention des carences ;
- un apport adéquat en protéines et un entraînement musculaire pour préserver la masse maigre et la densité osseuse ;
- un régime alimentaire pour maximiser la réduction de poids ;
- et un changement général du mode de vie, notamment concernant l'activité, le sommeil, le stress, la consommation de substances et les relations sociales afin de maximiser le succès à long terme.
Les auteurs s’appuient sur de précédentes études ayant montré que les patients en obésité suivant une stratégie thérapeutique combinant aGLP1 et conseils nutritionnels structurés perdaient davantage de masse grasse et étaient plus susceptibles de stabiliser leur poids après l’arrêt des aGLP1 que ceux prenant seulement les aGLP1.
« Les aGLP1 redessinent le paysage du traitement de l'obésité, mais il est clair que le médicament seul n'est pas une solution complète », ont-ils commenté. Ils invitent ainsi les cliniciens « à utiliser les outils et les cadres de l'avis pour aider les patients à appliquer les conseils nutritionnels en comportements durables, faisant de la médecine du mode de vie un ingrédient actif dans chaque prescription de soins de l'obésité ».
Au Royaume-Uni, les autorités de santé recommandent une contraception sous aGLP1
La Medicines & Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) a mis à jour ses recommandations aux patients suivant un traitement par aGLP1 pour la perte de poids ou un diabète. L’agence du médicament britannique recommande ainsi aux personnes en capacité de procréer prenant des aGLP1 d’utiliser un moyen de contraception. Elle précise que ces médicaments ne devraient pas être pris en période préconceptionnelle et durant la grossesse, en l’absence de données de sécurité. En effet, les études chez l’animal ont montré un risque de malformation. De plus, alors que chez les personnes en surpoids ou en obésité, le tirzépatide aurait une efficacité réduite sous contraception orale, l’agence recommande d’utiliser une contraception non orale en complément à certains moments du traitement.
*American College of Lifestyle Medicine (ACLM), American Society for Nutrition (ASN), Obesity Medicine Association (OMA) et The Obesity Society (TOS)
** American Journal of Lifestyle Medicine (ACLM), The American Journal of Clinical Nutrition (ASN), Obesity Pillars® (OMA) et Obesity (TOS)
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