Prévention, suivi des parcours ville-hôpital, éducation thérapeutique, coopération interprofessionnelle, aides au diagnostic, prescriptions, pharmacovigilance, téléconsultation, formations… Toutes les strates du système de santé sont devenues aujourd'hui optimisables par une multitude d’outils e-santé.
D’après une récente enquête Harris Interactive pour Cetelem, 78 % des Français voient plutôt d’un bon œil ces technologies. « La santé mobile, les data, les algorithmes (…) proposent un système de santé plus connecté, plus transparent, moins cantonné à des seules ressources humaines et plus ouvert à la coordination des soins », évoque le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) dans son livre blanc sur « Le numérique en santé ». En matière de télémédecine, un Français sur deux se déclare favorable à des téléconsultations de leur médecin traitant, principalement pour renouveler une ordonnance (62 %), un certificat médical (57 %), des conseils médicaux (51 %) ou le soin de maux peu graves (42 %). « La digitalisation de la médecine avec l’émergence de la téléconsultation et de la télé expertise est une chance énorme pour réintégrer le patient égaré du parcours de soins », considère pour sa part le Dr Eric Couhet, médecin généraliste et fondateur de la webcommunauté « Connected Doctors ».
Mobilisation gouvernementale
Érigée en « grande priorité » du ministère de la Santé pour « renforcer l’accès territorial aux soins », la « révolution numérique » constitue également une voie d’avenir pour « abolir les distances » dans le contexte de lutte contre les déserts médicaux. Dans la lignée des mesures du précédent gouvernement (stratégie nationale e-santé 2020, programmes e-parcours ou e-Hôp 2.0), la présidence Macron s’est ouverte avec quelques signaux positifs en faveur du développement de la santé numérique. À commencer par le « grand plan d’investissement » 2018-2022 et ses 4,9 milliards d’euros pour « accélérer la numérisation du système de santé et de cohésion sociale » dont 420 millions pour les établissements de santé et 50 millions afin de généraliser la télémédecine sur les territoires. Dernièrement, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 a mis fin au caractère expérimental des actes de téléconsultation et de télé expertise, renvoyant aux prochaines négociations conventionnelles la détermination de leurs conditions de réalisation et de tarification.
Pas encore suffisant pour les industriels du numérique regroupés au sein de l’Alliance eHealth France qui appellent le gouvernement à « un changement d’échelle dans les réformes » afin d’accélérer la transformation numérique de notre système de soins.
Formation et interopérabilité
Plusieurs défis devront être relevés au préalable. Dans son livre blanc « pour une politique e-santé ambitieuse » publié en mars dernier, Renaissance Numérique fait notamment de la question de l’interopérabilité des systèmes d’information, une « condition majeure » à la construction de « territoires de santé numérique » afin que ceux-ci puissent favoriser réellement la coordination des parcours de soins. Autre enjeu essentiel, la formation des professionnels à la santé connectée et la télémédecine, pour que ces derniers « s’approprient non seulement les outils numériques et leurs usages mais conçoivent des organisations professionnelles nouvelles sur un mode coopératif », pointent entre autres la Société française de Télémédecine (SFT) et le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) dans un récent communiqué. Une étude MACSF-Withing Health Institute témoigne du faible engouement des médecins pour les objets connectés puisqu’à peine 15 % d’entre eux déclarent en faire usage en consultation.
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