LA FÉDÉRATION hospitalière de France (FHF) lance une campagne de communication autour de la pertinence des actes. « Le médecin qui en fait le plus n’est pas forcément le meilleur médecin », déclare son président. Le Dr Jean Leonetti veut secouer les habitudes, et convaincre ses confrères de prescrire à bon escient. L’objectif est qualitatif autant que financier. Traquer l’acte inutile permettrait d’économiser « des milliards d’euros », tout en rendant service au patient. « Le médicament inutile est quelquefois dangereux », rappelle Jean Leonetti, faisant allusion, sans le citer nommément, au Mediator.
La FHF redoute que le dérapage des dépenses ne conduise un jour à des quotas imposés : « Établir des plans limitant le nombre d’actes dans les hôpitaux serait une erreur », anticipe le président de la FHF.
Le doyen honoraire René Mornex, qui a compilé les données sur le sujet, souligne l’existence de fortes disparités interrégionales. Le taux national de coronaro angioplastie est de 1,9 pour mille, mais de 3,9 pour mille dans la Nièvre. On décompresse beaucoup le canal carpien dans l’Aube : 4,9 pour mille contre 1,5 pour mille à peu près partout ailleurs. 10 % des appendices retirés ne sont pas pathologiques. 11 % des cholécystectomies échappent aux recommandations de bonnes pratiques. Certains dépistages systématiques sont également dans le collimateur du doyen Mornex. À quoi bon dépister un cancer du sein au-delà de 75 ans, dit-il : « La femme qui vivait tranquillement avec sa tumeur, du jour au lendemain, va devenir cancéreuse », avec ponction, ablation, rayons et chimiothérapie à la clé, alors que la maladie évolue lentement passé un certain âge.
Jean Leonetti appelle les médecins à une démarche vertueuse. « Faire une chimiothérapie trois jours avant la mort d’un patient, ce n’est pas proportionné, dit-il. Doser le cholestérol à 85 ans pour prévenir un infarctus qui mettra 15 ans à survenir, ce n’est pas rationnel ». La FHF, entre autres recommandations, suggère la mise en place de contrôles sur la pertinence des actes réalisés par des groupes d’experts. Les bonnes pratiques devraient être opposables, insiste la FHF, qui propose de revaloriser l’acte intellectuel par rapport à l’acte technique de façon à limiter les actes inutiles. La Fédération hospitalière appelle l’assurance-maladie à plus de transparence sur le dossier. « Il a suffi que la FHF publie les chiffres sur le taux de césarienne pour voir ce taux baisser, rappelle Gérard Vincent, délégué général de la FHF. La CNAM détient les chiffres de tous les secteurs. Elle devrait spontanément les publier sans attendre une injonction des pouvoirs publics. »
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