Deux chiffres illustrent l’importance du problème : plus de 60 % des maladies infectieuses qui touchent l’homme trouvent leur origine dans le monde animal et 75 % des maladies émergentes sont des zoonoses.
Ces chiffres ne peuvent que croître et pour plusieurs raisons, précise A. Bernal, président de la Fédération Internationale pour la Santé Animale (IFAH) : développement des zones urbaines, animaux de compagnie, voyages à l’étranger, commerce des animaux exotiques… D’où la nécessité de mesures de santé publique impliquant tous les professionnels concernés, en particulier pour développer une réponse rapide à de nouvelles épidémies. À travers l’exemple des travaux pour élaborer un vaccin qui pourrait juguler la fièvre Ebola, le Pr A. Hill (Oxford, Royaume-Uni) a bien montré l’importance d’une collaboration multidisciplinaire à ce niveau.
Peu de structures assurent une proximité des facultés de médecine et des écoles vétérinaires, l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) faisant figure de modèle ; le Pr A. Pijpers justifie ce choix d’un lien géographique entre santé humaine et animale par la lutte contre les zoonoses et la mise au point de nouveaux vaccins, mais aussi par l’existence de maladies chroniques touchant les hommes et les animaux : arthrose, maladies cardiovasculaires et rénales, certains types de cancers… Dans tous ces domaines, le partage des données, le développement de nouveaux modèles in vivo, peuvent faire progresser la prise en charge des pathologies chez l’homme comme chez l’animal.
Une opportunité pour les laboratoires
Par ailleurs, une approche globale représente pour l’industrie pharmaceutique une nécessité et une opportunité. Une nécessité car, comme le souligne Magda Chlebus (Fédération des Industries et Associations pharmaceutiques), des défis comme l’émergence de pathologies nouvelles ou de bactérie résistantes imposent une collaboration plus étroite entre les différents secteurs de la santé, avec des partenariats public-privé allant jusque dans le financement car, comme le souligne le Pr Hill « on peut se demander si ces efforts de recherche peuvent tous être complètement supportés par le secteur privé ».
Opportunité, comme le souligne le Dr Michelle Haven (Vice-Présidente Zoetis), car le rapprochement des recherches et des technologies peut permettre de valoriser les nouvelles entreprises de biotechnologie, à travers des commercialisations plus rapides sur le marché vétérinaire. Le Dr Haven cite l’exemple de deux molécules issues de la recherche Pfizer : l’un le tofacitinib, inhibiteur de JAK a été salué comme une grande innovation en santé humaine ; un « cousin », l’oclacitinib, a été développé beaucoup plus vite, en santé animale (inflammation, prurits). On est ici au cœur de la médecine translationnelle, au sens large.
Sensibiliser politiques et économistes
Tous les orateurs insistent sur le fait que ces synergies ne se développeront pas sans une prise de conscience des politiques. On peut espérer qu’elle va s’accélérer après le retentissement médiatique d’épidémies comme Ebola, la grippe aviaire… Sans oublier les répercussions économiques de zoonoses, même quand elles menacent surtout le monde animal (virus hendra).
L’histoire ne fait que commencer.
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