LUNDI MIDI, à l’entrée du tribunal de Nanterre, le Dr Irène Frachon répond aux questions des journalistes. Des caméras stationnent sur le bitume. Arrive le député PS Gérard Bapt, qui n’a pu assister à la première matinée du procès. La pneumologue met aussitôt l’élu socialiste au parfum : « En tant que témoins, nous sommes tenus à l’écart des débats jusqu’à ce que notre tour vienne de parler ».
Dans la salle d’audience, les avocats se livrent à une bataille juridique sans merci. Les journalistes, portable en main, relatent les saillies marquantes sur Twitter. Impassible, un peu tassé sur sa chaise, Jacques Servier écoute. Quatre cadres de la société Biopharma, filiale des laboratoires Servier, sont à ses côtés sur le banc des prévenus. Tous les cinq risquent gros. Il leur est reproché d’avoir menti sur « la nature, l’espèce, l’origine, les qualités substantielles et la composition » du Mediator. La tromperie aggravée, réprimée par le code de la consommation, est un délit passible d’emprisonnement.
Me Hervé Témime prend le premier la parole. L’avocat de Servier a le verbe haut, énergique. Il égrène les arguments juridiques qui imposent à ses yeux un transfert de l’affaire à Paris, où le fabricant est mis en examen, et où l’instruction avance à grand pas. Un tacle au passage pour ce « ministre de la République » - comprenez Xavier Bertrand - « qui, peu soucieux du principe de la séparation des pouvoirs, n’a pas hésité à les stigmatiser [les laboratoires Servier, NDLR] comme seuls responsables, peut-être pour mieux s’exonérer d’une responsabilité » dans l’affaire. « Bien sûr, enchaîne Me Témime, les laboratoires acceptent la tenue d’un procès ». Mais un seul, à Paris. Plus tard.
Les avocats des parties civiles se sont ensuite relayés pour démonter un à un les arguments de la partie adverse. Me François Honnorat, qui a déjà ferraillé dans plusieurs scandales de santé publique, considère que la juridiction de Nanterre est parfaitement compétente pour juger les faits. L’avocate de la CLCV, une association de consommateurs, a renchéri le propos : « Les faits ne sont pas prescrits car ils se sont poursuivis jusqu’en 2009. (...) La citation directe est parfaitement recevable même si un juge d’instruction est parallèlement saisi, car nous sommes à armes égales entre les parties civiles et le ministère public ».
Le tribunal correctionnel devrait dire la semaine prochaine s’il mène le procès à son terme. L’association CLCV affirme détenir assez d’éléments pour établir la tromperie, et espère de rapides indemnisations. Gérard Billard, sous Mediator de 2003 à 2009, était à l’audience lundi. Il veut « entendre des excuses » pour sa valve « qui ferme mal », qui le fatigue, et qui « gâche un peu [sa] retraite ».
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