Il y a quelques jours de cela, un enfant de 7 ans vient, accompagné de sa mère, pour effectuer la vaccination contre la grippe. Cette dernière, une touriste de l’est de la France, m’explique, très calme, que son fils pourrait être vacciné par une infirmière.
Néanmoins, du fait des problèmes de santé de cet enfant (il présente une cardiopathie), elle préfère que cet acte soit réalisé par un médecin. Ce jeune patient est vacciné tous les ans pour la grippe depuis 2013. Le pharmacien a donc pu délivrer sans aval du médecin le vaccin.
En conséquence, sans me soucier de quoique ce soit, j’ai vacciné cet enfant. Cependant, en lisant le Quotidien (lequotidiendumedecin.fr, 30 octobre 2018), j’ai appris qu’il ne fallait pas utiliser certains vaccins pour la grippe chez les enfants.
Dès lors je me suis posé de nombreuses questions en ce qui concerne cet enfant. Ai-je injecté le bon vaccin ? Quid de la responsabilité dans cette situation en cas d’hospitalisation : le pharmacien, ou tort partagé ? Pourquoi certains vaccins de la grippe ne peuvent être injectés chez les enfants ? Manque de recul, défaut d’études sur ce sujet ?
À ce titre, depuis de nombreuses années les généralistes de notre ville ne choisissent pas les vaccins. Les pharmaciens pour des raisons budgétaires (on ne va pas leur jeter la pierre sur ce sujet) font des commandes groupées et le plus souvent une seule catégorie (parfois deux) de vaccins pour la grippe est disponible en officine. En conséquence, les praticiens libéraux doivent composer avec cette donne, et prescrivent en fonction de la disponibilité en officine.
Pourquoi, l’Ansm n’a-t-elle pas communiqué avec les médecins cette information capitale pour les enfants ? Au 31 octobre, les vaccins étaient disponibles depuis le 6 octobre… et toujours aucune information institutionnelle.
La communication doit être prioritaire
Visiblement, les « errances » et les critiques formulées par des experts à l’égard de cette institution (l’Ansm) en ce qui concerne le Levothyrox, n’ont pas servi de leçon. La communication avec les médecins de terrain doit demeurer prioritaire dans le domaine de la sécurité du médicament ! On comprend très bien que l’information est parfois difficile à véhiculer auprès de la totalité des professionnels de santé (les infirmières en font partie dans ce cas, car elles vaccinent).
Par voie postale et même en ce qui concerne les mails, les libéraux sont souvent submergés par des informations publicitaires, et il est parfois difficile de reconnaître un courrier ou un mail de l’Ansm dans ce déluge « d’informations ». Cependant, je pense que de nombreuses têtes pensantes au sein de l’Ansm peuvent trouver une solution ; à moins qu’ils ne veuillent pas la trouver (cela doit rester une boutade car j’espère que cet argument concernant le laxisme n’est pas fondé).
Toujours est-il qu’il est désolant de voir que certaines décisions parfois discutables ont été prises à la hâte (effet des médias probable) et communiquées très rapidement, alors que le danger ne vient que d’un mésusage (cas du conditionnement de la vitamine D délivrée par le laboratoire CRINEX). Essayons à l’avenir d’être plus structuré quant à la dispense des informations sur les médicaments, car des cas de toxicités pourraient facilement être observés avec des conséquences dramatiques.
Enfin, nous ne pouvons que remercier le Quotidien du Médecin qui a su informer, avant les institutions de contrôle sanitaire (elles n’avaient toujours pas, le 1er novembre 2018, donné de consignes aux professionnels de santé sur ce sujet).
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