Hausse de la consommation d'anxiolytiques et d'antidépresseurs, baisse des délivrances de plusieurs vaccins et de produits de diagnostics… Le groupement d'intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE, constitué par l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d'Assurance-maladie (CNAM), a dévoilé sa cinquième étude pharmaco-épidémiologique. Elle porte sur l'usage des médicaments de ville – du premier confinement jusqu’au 22 novembre 2020.
Contrairement à la première étude publiée fin avril qui montrait un phénomène de « stockage rapide et massif » de médicaments (pathologies cardiovasculaires, diabète, troubles mentaux), le second confinement a été marqué par des mouvements de consommations médicamenteuses « moins amples », à la baisse comme à la hausse.
Parmi les médicaments dont la consommation a en revanche augmenté en fin du premier confinement, durant la période qui a suivi et pendant le deuxième confinement, figurent les anxiolytiques (+1,7 million de traitements délivrés en huit mois par rapport à l'attendu), les hypnotiques (+680 000 traitements délivrés) et les antidépresseurs (+400 000 délivrances en huit mois). L'augmentation de la consommation d’antidépresseurs post-confinement « reflète probablement l’impact psychologique de l’épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques », note le GIS.
Effondrement des AINS
Plusieurs classes thérapeutiques usuelles ont subi un effondrement durable en huit mois : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, déconseillés avec le Covid) avec 8,9 millions de traitements délivrés en moins ou la corticothérapie orale (-4,9 millions de traitements). Le deuxième confinement a notamment confirmé la baisse d'utilisation de l'Ibuprofène (-39,2 %). Pour le GIS, ces comportements témoignent de la bonne compréhension des messages des autorités sanitaires sur « les possibles effets délétères de certains produits sur la Covid-19 ».
L'usage des antibiotiques de la classe ATC J01 a lui aussi chuté (- 5,5 millions de traitements depuis mars). Ce résultat serait lié à une plus faible circulation des virus (hors SARS-CoV-2) et autres agents infectieux consécutive « à la distanciation sociale et au port du masque ».
Retards de prise en charge
Le GIS a observé une baisse nette de la vaccination, huit mois après le début de l’épidémie. Dans le détail, le déficit est marquant pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons (-70 000 doses), les vaccins anti-HPV (-230 000 doses), le vaccin ROR (-150 000 doses) et le vaccin antitétanique (-720 000 doses). Sur le deuxième confinement en particulier, la vaccination est restée très en deçà de l’attendu pour les vaccins anti-HPV (-35,6 %), antitétaniques (-14,6 %) et les penta/hexavalents pour nourrissons (-14,2 %).
Concernant certains actes techniques enfin, les experts ont relevé sur la période une forte baisse des injections intraoculaires d'anti-VEGF dans la DMLA (-85 000 doses), de la pose de stérilets avec progestatifs (-4 500), des préparations pour coloscopies (-260 000), de l'usage de produits iodés pour scanner (-370 000) et de produits de contraste pour IRM (-210 000). Le GIS souligne que la chute « non rattrapable » sur ces trois derniers actes « indispensables pour diagnostiquer et suivre certains cancers ou maladies graves en poussée, conduisent avec l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialité à des retards conséquents de prise en charge ».
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