À gauche, Guillaume Garot, député LFI, à droite Yannick Favennec, député Horizons, voisins de circonscription dans la Mayenne, le premier élu pour l’opposition, le second pour la majorité. Et tous les deux qui arpentent bras-dessus, bras-dessous, leur territoire médicalement sous-doté, devant les caméras de LCP (la chaîne parlementaire), explorant ensemble, expliquent-ils, les différentes solutions au manque de médecins qui angoisse les habitants. « Nous nous battons tous les deux depuis des années contre les déserts médicaux », lance Guillaume Garot. « Et le plus dur est à venir si rien n’est fait », ajoute en écho Yannick Favennec. Leurs interlocuteurs, dans les rues des bourgs d’Aron, d’Évron, ou de Montigny les prennent à témoin. « Je dois faire 69 km pour consulter un généraliste », dit l’un ; « c’est un vrai parcours du combattant pour décrocher un rendez-vous », se lamente un second. « Un nouveau généraliste est arrivé en octobre à Évron, il a fallu faire six heures de queue pour aller lui demander d’être mon médecin traitant », se désole un troisième. Et Guillaume Garot de brandir les dossiers de doléances en santé de ses électeurs. « Il faut changer de braquet et serrer la vis pour les installations », estime Yannick Favennec.
Tous les deux prônent une régulation.
Est-ce la fin de la libre installation ? « Nous prônons tous les deux un système de régulation, avec une incitation très forte ou une obligation transitoire. » Impossible de contraindre les médecins, leur rétorque la pharmacienne d’Aron. Aron dont le maire explique qu’il a investi 500 000 euros dans la construction d’une maison de santé spacieuse « mais le généraliste nous a quittés après six mois. » Dans le bourg voisin, le Dr Dominique Hérault leur explique tout heureux qu’ils ont trouvé une interne de première année, mais Alice confie aux deux députés qu’elle ne croit pas en l’intérêt pour les patients d’une quatrième année en secteur sous-doté, « les gens seront ballottés d’un interne à l’autre tous les six mois, leur suivi sera médiocre. »
À Martigny, la Dr Marie-Hélène Groff a été embauchée comme médecin salariée par la mairie et en 4 mois elle a accepté de suivre 600 patients. « Pour moi, dit cette ex-médecin militaire, la formule est excellente, mais mon cas est particulier et il ne peut pas être généralisé. » « Salarier les médecins, ou les regrouper, ou les inciter à s’installer, cela fait partie des solutions que l’on doit toutes examiner en se mettant autour de la table », opinent les deux élus. Élus de deux camps politiques qui s’opposent dans l’hémicycle, mais qui, sur un même territoire qui compte 160 généralistes quand il en faudrait le double, mènent unis le combat contre les déserts médicaux.
Article précédent
Fadila Khattabi : «Il est possible de co-construire ensemble des projets qui répondent aux attentes des Français»
LFI vs Renaissance : Je t'aime... moi non plus
La politique à front renversé
Avec ou sans le RN ?
Fadila Khattabi : «Il est possible de co-construire ensemble des projets qui répondent aux attentes des Français»
Bras-dessus, bras-dessous dans le désert
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols