Accusés d’abus de pouvoir, fraude aggravée, violation de la déontologie et harcèlement d’un subordonné, le Pr Paolo Palombo et son frère Marco, également chirurgien plasticien, ont été placés aux arrêts domiciliaires. Le parquet de Rome en charge du dossier a voulu éviter à l’éminent spécialiste en chirurgie reconstructive comme à son frère la prison et son cortège d’humiliations avec les menottes et la prise d’empreinte.
Depuis plus de dix ans, le Pr Paolo Palombo dirigeait le service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique pour les grands brûlés de l’hôpital San Eugenio, considéré comme l’un des meilleurs départements de toute la région.
Accusé par ses collègues et le parquet de Rome d’avoir transformé son service en une véritable clinique privée, le praticien opérait clandestinement sa clientèle dans les locaux de la structure publique. « Le 6 mai 2014, j’ai vu le professeur en train d’opérer l’ancien préfet de Rome qui avait un kyste synovial. Il s’est énervé en apprenant que j’avais tout vu car personne ne devait savoir qu’il avait effectué cette intervention sans passer par la filière normale », a confié un anesthésiste au juge d’instruction. La filière normale, cela veut dire l’enregistrement du patient et le règlement des frais médicaux aux services de la comptabilité de l’hôpital et non pas au praticien qui ne déclarait pas cette partie de ses revenus.
Un abus de pouvoir caractérisé
Interrogé quelques mois plus tard par la direction hospitalière, le Dr Marco Palombo défendra son frère en affirmant : « Il a seulement aidé un ami dans l’ennui. Et puis, cette histoire n’a aucun sens, le service lui appartenant. » Pour le juge d’instruction et la direction du San Eugenio, il s’agit en fait d’un abus de pouvoir. Et selon les enquêteurs, cet épisode est en fait le point de départ d’une longue série de dérives, le Pr Palombo ayant utilisé le bloc opératoire à d’autres reprises pour des interventions esthétiques, notamment de liposuccion.
Le parquet accuse également les deux praticiens, de faux de signature pour falsification des feuilles de pointage. Il a aussi censuré la direction de l’hôpital et notamment « l’inertie des supérieurs des deux praticiens et de l’administration publique face au comportement totalement illégal des deux frères ». Le parquet a saisi la Cour des comptes, « les deux spécialistes, qui ont géré avec désinvolture la chose publique, les ressources humaines hospitalières et le matériel, ont pénalisé les intérêts de l’administration publique et des assurés ».
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