L'Ordre doit-il s'ouvrir à des non-médecins ?

Par
Publié le 06/02/2020
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : S. Toubon

Ouvrir l'Ordre à des non-médecins, et élargir les commissions de conciliation élargies à des personnes tierces ? Évidemment, les représentants des patients sont pour ces préconisations de la Cour des Comptes. « Alors qu’il est mis sur la sellette, l’Ordre a besoin de communiquer aujourd’hui avec le grand public, estime Alain-Michel Ceretti, président du Lien. La présence, en son sein, d’usagers et d’usagers compétents va dans le sens de l’histoire et elle permettrait de dépoussiérer l’institution. » Président de France Assos Santé, Gérard Raymond abonde dans cette « belle ouverture qui offrirait plus de transparence et donnerait corps aux déclarations du Dr Bouet pour la démocratie en santé ».

Mais les médecins ne semblent pas chauds, à en croire ceux qui ont répondu à la question sur le site du Quotidien (« Entre confrères » du 22 janvier), où ils ont été unanimes à rejeter cette éventualité, hormis l’un d’eux, « à la condition, nuance-t-il, que ce soit les patients qui cotisent à la place des médecins ! » « Cela ne ferait qu’aggraver les rancoeurs », estime le Dr Marc G. « Ouvrir à des patients pour la plupart infectés par les réseaux sociaux, les médecines moyenâgeuses ou les chamanismes ne va pas les guérir », assure le Dr Pierre C.

Une idée derrière la tête.

Les mêmes réticences s’expriment au sein de l’Ordre : « le secret médical interdit à des non-médecins de siéger en commission de conciliation », observe le Dr Jean-Michel Gal (président du CD 61). « Les auteurs du rapport avaient sans doute cette idée derrière la tête avant de faire leur enquête et je ne suis pas sûr qu’elle soit très positive », confie le Dr Jean-Paul Lameraud (président du CD Creuse). « Il ne faut pas intégrer les patients dans notre institution, c’est contraire à nos statuts », renchérit le Dr Devillers (présidente du CD 62).

Moins hostiles à l’ouverture, les syndicats n’en sont pas moins circonspects. « La présence d’un auditeur externe est envisageable en commission de conciliation à une place qui reste à définir », concède le Dr Ortiz. Et la question de la représentativité des patients reste problématique : « Ne risque-t-on pas de voir siéger des professionnels de la politique, plutôt que des personnalités qualifiées sur le plan éthique et médical ? », s’inquiète le Dr Hamon. « Attention aux représentants des usagers parfois autoproclamés », avertit le Dr Battistoni. « Les associations de patients ne sont pas forcément légitimes, insiste le Dr Jérôme Marty, car elles sont financées à 80% par le ministère, autant dire qu’elles sont aux ordres du pouvoir. »

Ch. D.

Source : Le Quotidien du médecin