« Je mets en garde ! À trop attendre, l’obligation de garde finira par s’imposer ! », a lancé mercredi après-midi la sénatrice Jocelyne Guidez (Union centriste), lors d'un débat d'actualité houleux sur le thème de « la crise du système de santé », en présence d'Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée des Professions de santé.
Quelques minutes plutôt, l’élue de l’Essonne avait estimé « pertinent d’inciter les médecins de ville installés dans des maisons de santé » à « maintenir une permanence des soins, particulièrement le week-end », afin de désengorger les services d'urgences. Un dispositif cependant difficile à imposer au niveau national, « tant les situations sont différentes d’une région à l’autre », estime la sénatrice.
Répartir la charge de la PDS
De son côté, Jean-Yves Roux (socialiste et républicain) a milité pour la généralisation des maisons médicales de garde (MMG) ouvertes le week-end. Des structures dans lesquelles les plateformes de service d'accès aux soins (SAS) pourraient disposer en priorité de « créneaux de réservation de rendez-vous », mais aussi « les médecins de ville, les kinés ou les infirmiers », précise le sénateur.
Plus radicale, Laurence Cohen (communiste, républicain, citoyen et écologiste) a prôné purement et simplement le rétablissement de l’obligation de la permanence des soins, pour les généralistes et les spécialistes. Profondément déçue par le discours d’Emmanuel Macron, la sénatrice aurait aimé qu’il revienne sur le décret Mattei de 2003 qui a supprimé l’obligation indivuelle d’y participer. La sénatrice est convaincue que les « mesures d’incitation » pour le travail de nuit et les gardes de week-end, annoncées par le Président, sont « particulièrement inefficaces ».
Sans surprise, Agnès Firmin Le Bodo a elle repris l’idée du « pacte de droits et devoirs » pour la médecine libérale, vanté il y a quelques jours par le président de la République. Selon elle, il faut effectivement « répartir la charge de la permanence des soins » qui ne peut être supportée que par « seulement quelques médecins ».
Remise en cause des 35 heures ?
Sur le volet hospitalier, les sénateurs sont revenus sur les problématiques de temps de travail. Le chef de l'Etat a effet annoncé qu’il souhaitait s’attaquer à la question des 35 heures, un système synonyme d’« hyperrigidité » qui a « profondément perturbé l'hôpital ». Or pour Jean-Luc Fichet (socialiste, écologiste et républicain) cette « remise en cause des 35 heures » est une « vieille lune de la droite » qui consisterait à « faire travailler plus les hospitaliers, sans que ceux-ci gagnent plus ».
Or, ce n’est pas « de la faute des 35 heures » si le système de santé s’effondre, a estimé de son côté Mélanie Vogel (écologiste – solidarité et territoires). C’est avant tout parce qu’il a été « sous-financé » durant des dizaines d’années, « au point qu’il ne peut plus tenir ». Pour la sénatrice des Français de l'étranger, les déclarations d’Emmanuel Macron sur les 35 heures symbolisent son « mépris à l’égard de celles et ceux qui sont à bout de souffle, s’épuisent chaque jour, chaque nuit et qui persistent à le faire malgré tout ».
« Plus de souplesse et d’autonomie »
Quant à Laurence Cohen, elle a aussi réfuté l’idée selon laquelle « les 35 heures seraient à l’origine de la désorganisation de l’hôpital ». Elle considère qu’il faudrait plutôt « s’interroger sur le nombre d’embauches qui auraient dû accompagner cette baisse du temps de travail ». Et de rétorquer au Président de la République qui veut « remettre à plat » le temps de travail : « Pensez-vous motiver des équipes au bout du rouleau en leur demandant de gérer la pénurie de personnel ? »
Confrontée à ce feu de critiques, Agnès Firmin Le Bodo a répondu que le chef de l’État ne voulait pas remettre en cause les 35 heures. « Il a simplement dit qu’il fallait plus de souplesse et d’autonomie pour permettre au système hospitalier, à l’échelle d’un service, d’organiser les emplois du temps des personnels soignants », a souligné la ministre. Une réorganisation qui permettrait selon elle « redonner du sens » aux métiers et d’améliorer les conditions de travail des hospitaliers.
Le sujet de l'hôpital va prochainement revenir dans les débats au Palais du Luxembourg puisque la proposition de loi du Dr Bernard Jomier sur les ratios de soignants sera débattue à partir du 1er février en séance publique. C'est la sénatrice socialiste de l'Oise, Laurence Rossignol qui en a été nommée rapporteure.
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