80 000 autotests de diagnostic du VIH disponibles ce mardi en pharmacie

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Publié le 14/09/2015

Crédit photo : S TOUBON

Trois ans après leurs homologues américaines, et quelques mois après les anglaises, les pharmacies françaises pourront distribuer les autotests de diagnostic du VIH à partir de mardi matin. « 80 000 autotests ont été distribués aux pharmacies par le fabricant », a expliqué la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, lors d’un déplacement dans une pharmacie du 13e arrondissement.

Produit par le fabricant français AAZ, le kit se compose d’une compresse alcoolisée pour préparer l’extrémité de l’index, d’une aiguille, d’une seconde compresse pour éponger la première goutte de sang avant de déposer la seconde sur la bande de test. Au bout d’un quart d’heure, l’utilisateur sait si le test est négatif (une seule bande apparaît) ou positif (deux bandes). Un mode d’emploi expliquant la démarche à suivre en cas de test positif, avec notamment le numéro de Sida-info-service, complète le dispositif.

L’autotest n’est pas remboursé par la Sécurité sociale, et le prix conseillé par le fabriquant est entre 25 et 28 euros. La ministre a rappelé qu’une des dispositions de la loi de santé actuellement en discussion au Sénat permettra aux associations de distribuer également l’autotest.

Un test d’orientation diagnostic

« Certaines personnes ne se satisfont pas des possibilités de dépistages actuellement offertes, et préfèrent être seules face au résultat », a expliqué la ministre, pour qui l’autotest « ne se substitut pas aux tests en laboratoire, qui restent l’élément central de la stratégie de dépistage. »

Pour le directeur de l’Institut de veille sanitaire (InVS), le Dr François Bourdillon, « l’autotest doit rester un test d’orientation diagnostique », à l’image des TROD (test rapide d’orientation diagnostique) réalisés en milieu associatif. « Un diagnostic positif ou négatif doit être confirmé par un test en laboratoire, surtout si l’autotest a été acheté suite à une prise de risque », poursuit le Dr Bourdillon. 

La fenêtre de séroconversion (délai entre l’infection et le moment auquel le test devient positif) des autotests peut aller jusqu’à 3 mois. Un résultat négatif ne peut être considérée comme fiable que s'il n'y a pas eu prise de risque au cours des 3 derniers mois. Le diagnostic définitif ne peut être apporté que par un test ELISA de 4e génération ou en laboratoire.

En cas de prise de risque datant de moins de 48 heures, il est recommandé de se rendre aux urgences pour une consultation et un éventuel traitement prophylactique post-exposition. Des recommandations ont été émises par la Haute Autorité de santé en avril dernier (*).

Les autotests ont pris leur temps

Marisol Touraine a autorisé la commercialisation des autotests il y a deux ans, mais il a fallu du temps avant qu’un fabriquant ne se décide à obtenir un marquage CE.

La décision concernant l’autorisation de cet autotest en France découle de plusieurs enquêtes, notamment l’étude ANRS Webtest, au cours de laquelle 9 000 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), recrutés sur Internet, ont été questionnés. Environ 30 % d’entre eux connaissaient son existence, mais seulement 82 se l’étaient procuré par Internet à l’étranger et 69 l’avaient effectivement utilisé. Parmi les 5 900 répondants qui déclaraient ne pas être séropositifs, 86,5 % exprimaient leur intérêt pour le test.

On estime actuellement à 30 000 le nombre de personnes ignorant leur séropositivité, dont un tiers de HSH, un tiers de personnes originaires d’Afrique subsaharienne et un tiers d’hétérosexuels nés en France.

 

(*) Mise à jour de l'article le 15/09/2015.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr