Selon les données ONUSIDA 2012, sur les 32,1 millions d’adultes infectés par le VIH dans le monde, 17,7 millions sont des femmes.
Et actuellement en Europe, si plus de la moitié des femmes infectées par le VIH sont en âge de procréer, 15 % ont plus de 40 ans. Selon l’étude VISAGE qui porte sur la population de la région PACA-ouest, les femmes représentent un quart de la population infectée de plus de 50 ans. « Ainsi, de plus en plus de femmes atteignent désormais l’âge de la ménopause où les conséquences cardiovasculaires et osseuses de la ménopause viennent s’ajouter aux risques de complications métaboliques liées à l’infection et aux traitements antirétroviraux », a rappelé le Dr Isabelle Ravaux.
• Ménopause volontiers plus précoce.
Ce problème se pose avec d’autant plus d’acuité que la ménopause est volontiers plus précoce chez les femmes séropositives, même s’il est souvent difficile en pratique de faire la part entre la ménopause et une aménorrhée prolongée liée à l’infection, à des facteurs médico-sociaux (amaigrissement, pauvreté, toxicomanie...) ou à certains traitements.
• Plus grande fréquence des symptômes
Un fait semble établi : la plus grande fréquence des symptômes de la ménopause chez les femmes séropositives, avec un odds ratio de 1,24 dans une étude menée à New York et à 1,65 dans un travail réalisé au Brésil. Dans la cohorte MSHIV, 89 % des femmes rapportaient des troubles psychologiques (symptômes dépressifs en particulier), 63 % des arthralgies et 61 % des troubles vasomoteurs. La sécheresse vaginale était plus fréquente en cas de consommation de cocaïne.
• Les signes du vieillissement
L’infection par le VIH fait vieillir plus vite, notamment en raison de l’inflammation et les femmes déclarent ressentir plus fortement les signes du vieillissement que les hommes : fatigue dans 100 % des cas versus 85 %, difficultés à se mouvoir (82 % vs 61 %), perte des cheveux (74 % vs 48 %) ou impression de vieillir prématurément (80 % vs 20 %).
• Risque cardio-vasculaire
Les risques à plus long terme sont également accrus. Le risque cardiovasculaire est augmenté, avec une majoration des infarctus du myocarde plus marquée chez les femmes (12,71 /1 000 personnes années) que chez les hommes infectés par le VIH (4,88/1 000 personnes années). Le tabagisme est particulièrement important chez ces femmes.
• Ostéoporose
L’ostéoporose est plus précoce et le risque de fractures accru au niveau des vertèbres et du poignet chez les femmes séropositives comparativement aux femmes séronégatives. Là aussi, outre le rôle direct du VIH sur les cellules osseuses, de nombreux facteurs interviennent, tels que les carences et comorbidités, le faible indice de masse corporelle, l’inflammation chronique, la dysrégulation du métabolisme de la vitamine D et l’impact des médicaments.
• Lipohypertrophie
Les femmes sont particulièrement concernées par la lipohypertrophie, qui induit un sentiment de stigmatisation, une détérioration de la santé mentale et constitue un facteur de mauvaise observance au traitement. « Alors que pour lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaire, la pratique d’un exercice physique régulier est préconisée, les femmes sont souvent réticentes à s’exposer en tenue de sport », a souligné le Dr Ravaux.
• L’infectiologue et le gynécologue.
En périménopause un traitement progestatif peut être envisagé, mais il expose à une prise de poids. Lorsque la ménopause est confirmée, un traitement hormonal substitutif doit être discuté, en évaluant précisément son rapport bénéfice/risque : en effet, s’il est souvent cliniquement justifié (ménopause plus symptomatique, plus jeune, avec risque osseux accru du fait de l’infection par le VIH), sa prescription se heurte au problème du risque cardiovasculaire accru. La prise en charge est donc complexe et impose une décision pluridisciplinaire infectiologue-gynécologue.
• Risque de contamination majoré
Enfin, la ménopause est une période à risque majoré de contamination : les nouvelles contaminations par voie hétérosexuelle sont en hausse en raison de l’absence de protection après l’âge de 40-45 ans pour les rencontres d’un soir, et, au sein des couples sérodiscordants, le risque d’acquisition du VIH est multiplié par 4 après l’âge de 45 ans.
(1) Service des maladies infectieuses et tropicales, AP-HM, Marseille.
(2) Réunion « VIH : la vie au féminin » organisée avec le soutien institutionnel des Laboratoires AbbVie.
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