C’est en grande pompe que Philippe Douste-Blazy, président du conseil d’administration d’Unitaid, a été reçu par les autorités Camerounaises mi-novembre. Et pour cause : l’organisation internationale créée en 2006 a financé à hauteur de 20 millions de dollars (14,75 millions d’euros) la lutte contre le VIH SIDA. Avec l’aide des partenaires*, 285 000 femmes enceintes et 500 000 nouveau-nés ont été diagnostiqués, 5 000 enfants ont reçu des ARV et 9 000 adultes des traitements de 2e ligne. Quelque 77 000 antituberculeux ont été distribués.
Philippe Douste-Blazy a pris son bâton de pèlerin pour promouvoir les financements innovants auprès du Président Paul Biya et de son ministre de la Santé André Mama Fouda. La taxe sur les billets d’avion, adoptée par 14 pays dont le Cameroun, est la traduction concrète de cette mondialisation solidaire.
« Alors que l’Europe est exsangue, on ne peut pas demander à des députés européens de créer des impôts pour l’Afrique. L’idée des financements innovants est de prélever une microscopique cotisation de solidarité sur les activités les plus dynamiques, le tourisme, internet, les transactions financières », explique-t-il.
Unitaid s’est spécialisé dans l’objectif 6 du millénaire, spécialement dans les ARV pédiatriques. L’organisation est parvenue à diminuer de 80 % le prix du médicament qui revient à 100 dollars (73,80 euros) par an et par enfant. L’astuce : mettre face à face les laboratoires et les génériqueurs pour qu’ils tissent des conventions, permettant aux seconds, en échange de royalties, de fabriquer des ARV de dernière génération pour les pays en voie de développement. « Huit enfants sur 10 déjà soignés le sont grâce à Unitaid. Sur 3,5 millions d’enfants infectés, on en a soigné 600 000, soit 100 000 chaque année » précise Philippe Douste-Blazy.
Unitaid est aussi à l’origine du programme de tests de mesure de la charge virale du VIH (OPP-ERA) expérimenté depuis septembre au Burundi, Cameroun, en Côte d’Ivoire et Guinée. « Mesurer la charge virale est indispensable pour lutter contre l’épidémie : lorsque le virus est indétectable, il n’y a pas de transmission. Mais seulement 10 % des patients atteints par le VIH y ont accès » explique le président d’Unitaid.
L’ex-ministre entrevoit déjà la forme que pourraient prendre ces financements innovants au Cameroun. Il a évoqué avec Paul Biya l’instauration d’une taxe sur la téléphonie mobile, assumée par la diaspora, et surtout, un prélèvement sur les ressources extractives, applicable à d’autres pays Africains, qui pourrait financer l’éducation et la santé.
*Unicef, Clinton health access initiative, Esther, France expertise internationale, DNDi.
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