2009 SERA L’ANNÉE de tous les dangers pour les ONG, prévoyait une enquête du « Quotidien » (30 octobre 2008). Le plan de restructuration que l’association Handicap International vient de rendre public semble en apporter la confirmation. L’ONG lyonnaise, présente dans une soixantaine de pays, va supprimer 46 emplois sur un effectif de 292, dont 31 occupés par des salariés en CDI, 18 basés au siège et 13 dans des missions. Deux programmes français sont arrêtés, l’un portant sur l’accès des personnes handicapées aux nouvelles technologies, l’autre sur la vie affective et sexuelle des handicapés.
« Nous subissons les conséquences de trois facteurs concomitants, explique Sylvain Ogier, l’un des responsables de HI : l’augmentation des activités sur le terrain, le plafonnement de la collecte auprès des donateurs français et le fléchissement des engagements des bailleurs institutionnels. La crise, chez nous comme dans toutes les ONG, rend plus incertaines nos sources de financement et nous oblige à plus d’efficience si nous ne voulons pas réduire le niveau de l’aide aux bénéficiaires de l’association. Avec un déficit de 3 millions d’euros en 2008, sur un budget de 75 millions, qui vient après deux exercices également clôturés dans le rouge, nous ne pouvons pas échapper aux règles économiques communes à toutes les entreprises. » Le plan de restructuration a été approuvé par les syndicats qui ont préféré cette forme de gestion de crise à une politique de réduction des activités sur le terrain.
Les autres ONG médicales françaises n’en sont pas là. Directeur financier de MSF, Marc Sauvagnac constate que la collecte auprès des donateurs privés, qui fournissent 95 % des ressources, a été satisfaisante pour le dernier trimestre 2008. « Il est trop tôt pour apprécier les données 2009, estime-t-il, mais nous avons décidé d’augmenter de 10 % nos dépenses promotionnelles pour garantir le niveau des dons et, en l’absence de réelle visibilité, nous limitons au maximum nos engagements de dépenses. »
À Médecins du Monde aussi, c’est l’expectative, alors qu’à Aide médicale internationale, pour sa part essentiellement dépendante des bailleurs institutionnels, Benoît-Xavier Loridon, directeur général, s’attend à des coupes sombres dans les budgets alloués par les États, s’inquiétant en particulier des réductions de programmes en provenance de l’Union européenne.
Budget européen en baisse.
De fait, ECHO, l’office d’aide humanitaire de la Commission européenne, premier bailleur institutionnel en Europe, annonce un budget 2009 de 777 millions d’euros, alors que celui de 2008 avait atteint 937 millions. Ainsi, 160 millions vont donc manquer alors que, partout dans le monde, les demandes d’interventions sont à la hausse, la crise alimentaire ayant frappé dès avant la crise financière et la récession économique. Aux États-Unis, en revanche, l’Agence américaine d’aide au développement international ne devrait pas réduire ses interventions, le Congrès ayant adopté une résolution de continuation (Continuing Resolution) pour maintenir les fonds accordés par le gouvernement au même niveauen2009.
Mais ce sont les collectes qui devraient être affectées cette année. Selon les experts de trois des plus grandes ONG anglo-saxonnes, Oxfam, Save the Children et World Vision, la croissance des programmes, du fait du resserrement des dons, va ralentir en 2009. Le bruit court les associations françaises que des plans d’économie sévères pourraient même être prochainement annoncés.
Dans cet environnement international préoccupant, les grands acteurs institutionnels sont parfois mis en cause. Oxfam, dans un rapport intitulé «Optimisme aveugle : casser le mythe sur les soins de santé privés dans les pays pauvres », s’en prend à la Banque mondiale et l’accuse, « par son influence politique inégalée à travers le monde », de « gaspiller l’argent et de mettre en danger des vies en continuant d’appuyer des programmes de soins de santé privés discrédités dans les pays pauvres », le Département pour le développement international du Royaume-Uni et la Banque asiatique de développement lui emboîtant le pas. Au total, Oxfam estime que, « sous l’effet d’une décennie de désinvestissement des bailleurs de fonds dans les programmes de santé gouvernementaux, l’aide aux services de santé primaire dans les pays pauvres aurait diminué de moitié, condamnant des centaines de millions de personnes à une mort prématurée ou à des souffrances inutiles ». Selon l’ONG britannique, la crise ne serait donc qu’un accélérateur de l’histoire.
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