LE QUOTIDIEN – Pourquoi une évolution de la carrière hospitalo-universitaire est-elle aujourd’hui nécessaire ?
Dr RAPHAËL GAILLARD – L’université a connu plusieurs réformes d’envergure ces dernières années : la loi pour la recherche en 2006, la loi instaurant l’autonomie des universités en 2007 (qui leur permet d’avoir un positionnement propre dans la compétition internationale) et enfin les investissements d’avenir. Le grand emprunt a eu un effet levier sur les IHU (instituts hospitalo-universitaires). Dans ce contexte, il est indispensable de réfléchir à l’évolution de la carrière des hospitalo-universitaires. D’autant que parmi leurs trois missions, il semble que la recherche ait tendance à perdre de l’importance et c’est inquiétant pour le poids de la France. ?J’ajoute qu’on ne s’improvise pas chercheur à 30 ans.
Vous plaidez pour une modification des statuts existants. En quoi cela peut-il améliorer la situation ?
Nous faisons face à un enjeu important d’enseignement. Le nombre d’internes à former va doubler de 2010 à 2020. Cela va entraîner un changement dans l’enseignement. Ma génération s’est formée avec le compagnonnage. Avec le nombre d’externes en formation, ces modalités sont dépassées. Il faut un autre modèle car les 4 % de médecins hospitalo-universitaires n’ont pas vu leur nombre évoluer ces 10 dernières années. Aujourd’hui en médecine, la France compte 2 fois moins de maîtres de conférence (1 600) que de professeurs (environ 4 000) et un petit corps de chefs de clinique, environ aussi nombreux que les professeurs. Dans les autres filières universitaires, les effectifs sont différents. Les maîtres de conférence sont deux fois plus nombreux que les professeurs en science. Il faut maintenir le clinicat, son statut et ses effectifs et rappeler les obligations universitaires des chefs de clinique (production de recherche, charge d’enseignement).
Pourquoi réclamez-vous la création de postes de professeurs assistants ?
Aujourd’hui quand on a validé son clinicat, les moyens d’accès au statut de professeur sont variés. Ce peut être un temps plein hospitalier, directement un poste de PU-PH ou un poste de maître de conférence des universités (MCU-PH). Il y a plusieurs objections à ce schéma. Si cet emploi a vocation à être transitoire, pourquoi est-il à durée indéterminée ? C’est contre-productif car cela signifie que l’on peut mettre un individu sur un emploi où il peut ne plus rien faire. Aux États-Unis par exemple, il existe des postes transtoires. On donne au candidat identifié des moyens et des objectifs puis on évalue le candidat pour savoir si on le titularise ou non. Nous proposons d’adopter un système similaire dans la continuité du clinicat. Il s’agit du professeur assistant hospitalier, un poste non titulaire qu’il serait possible d’occuper pendant 5 ans, construit à partir des postes de PU-PH et de MCU-PH partant à la retraite et du contingent très limité des praticiens hospitaliers universitaires (PHU, 200 en France). Nous voulons permettre de sélectionner les plus efficients de la communauté pour un poste de titulaire. Ce poste de professeur assistant, construit à moyens constants, est assorti d’un contrat d’objectifs et de moyens signés entre trois acteurs : l’université, l’hôpital et le candidat. Ce candidat aura des objectifs à atteindre et recevra des moyens pour y parvenir. L’important est de donner les moyens de promouvoir des jeunes dans la carrière hospitalo-universitaire sur une fonction particulière qui nous permette de rivaliser avec l’étranger.
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