Traiter quel que soit le taux des CD4, dès l’annonce de la séropositivité, tel est le mot d’ordre des recommandations américaines actuelles dans l’infection VIH. Ce point de vue, plus interventionniste que celui de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), se voit conforté, pour la première fois avec un tel niveau de preuves, et dès l’analyse intermédiaire d’un large essai randomisé international, lancé en mars 2011 et programmé jusque fin 2016.
Menée entre autres avec le soutien institutionnel des National institutes of health (NIH) américains, et de l’ANRS en France (Agence nationale pour la recherche sur le Sida), l’étude START (Strategic timing of antiretroviral treatment) a inclus 4 685 sujets séropositifs adultes, âgés de 36 ans en médiane, dans 35 pays. Tous présentaient un taux normal de CD4 supérieur à 500/mm3 et aucun n’avait été traité par antirétroviraux par le passé.
Jusqu’à présent, les données disponibles issues d’études non randomisées, observationnelles ou d’avis d’experts concernaient le traitement des sujets ayant un taux de CD4 supérieur à 350/mm3. L’OMS a pris le parti de recommander de traiter dès que le taux de CD4 chute en dessous de 500/mm3.
Événements graves liés ou non au SIDA
Pour Anthony Fauci, directeur du service en charge des maladies infectieuses aux NIH : « Nous avons maintenant la preuve claire qu’il existe de plus grands bénéfices pour la santé d’un patient séropositif à commencer le traitement antirétroviral plus tôt par rapport à plus tard ».
Dans l’étude, les chercheurs ont utilisé un critère combinant les événements graves liés au SIDA (par exemple les cancers liés au SIDA), les événements graves non liés au SIDA (maladie cardiovasculaire, rénale ou hépatique ou cancers) et la mortalité. La comparaison s’est faite entre deux groupes, le premier prenant le traitement précocement, quel que soit le taux de CD4, et le second le prenant dès que le taux de CD4 chutait en dessous de 350/mm3.
Sur les données rassemblées en mars 2015, le groupe de travail a constaté 41 événements toutes causes confondues dans le groupe traitement précoce, par rapport à 86 dans le groupe traitement différé. Le risque d’événement grave est ainsi réduit de 53 % avec un traitement précoce par rapport à un traitement différé. Au vu de ces chiffres, les investigateurs informent dès à présent les patients des résultats en proposant à ceux qui sont non-traités de le devenir.
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