À l’approche des élections chez les médecins libéraux, la profession s’apprête à connaître, dès samedi, une nouvelle poussée de fièvre contre le projet de loi de santé dont l’examen s'est achevé au Sénat (vote solennel mardi).
Si les praticiens en colère affichent leur détermination, l’unité syndicale (du moins théorique) qui avait prévalu lors de la grande manifestation parisienne du 15 mars a volé en éclats, sous l’effet de la campagne électorale.
D’un côté, la FMF, le SML et Le BLOC appellent à fermer les cabinets libéraux du 3 au 6 octobre (inclus) dans le cadre d’un premier mouvement « coup de semonce », activement soutenu par l’UFML et les coordinations qui ont fleuri cet été. Le top départ de cette séquence protestataire sera donné ce samedi, à 15H, dans un amphi de la faculté de médecine de Cochin (Paris). Un seul message sera martelé : le refus de l’« éradication » de la médecine libérale.
D’un autre côté, MG France fait cavalier seul et lance un mouvement de fermeture (reconductible) des cabinets le lundi 5 octobre. La CSMF s’est démarquée de ces grèves d’octobre qualifiées de « mascarades désordonnées ». Mais le syndicat appelle de ses vœux « un grand mouvement unitaire », au moment de l’examen définitif du projet de loi à l’Assemblée nationale, mouvement qui soit « déconnecté des manœuvres électoralistes ».
Priorité aux actions locales
À défaut d’une opération immédiate d’envergure nationale, les syndicats misent sur l’imagination du terrain pour entretenir la flamme. « Nous comptons sur les collectifs régionaux pour lancer des actions. Nous soutiendrons tous les syndicats ou organisations qui appellent à manifester et à fermer les cabinets », explique le Dr Éric Henry, président du SML. Les médecins sont « prêts à entrer en résistance », les collectifs « sont sur le pont », assure le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, qui cite Bordeaux, Toulouse, Roanne, Bourg-en-Bresse...
Le collectif pluriprofessionnel du 93 illustre l’exaspération de la « base ». Dès samedi et jusqu’à mardi soir, plus d’une centaine de praticiens devraient fermer leur cabinet et placarder des affiches « médecins en grève » sur leurs portes. « Je resterai dans mon cabinet samedi matin pour répondre au téléphone et expliquer les raisons de la grève à mes patients », précise le Dr Benoît Labenne, président du collectif 93.
Samedi après-midi, les collectifs franciliens (75, 77, 78, 92, 93 et 95) se rassembleront devant l’ARS Ile-de-France et le Sénat. « Si Marisol Touraine fait passer sa loi en force, on musclera nos actions ensemble », assure le Dr Labenne, qui accuse la ministre de la Santé de vouloir « semer la zizanie » entre les professionnels.
Des actions « inhabituelles » se préparent aussi dans la région Rhône-Alpes et en Auvergne où des généralistes sont prêts à fermer plusieurs jours consécutifs, confie le Dr Claude Leicher (MG France).
Du blocage routier au blocage sanitaire
Le collectif « MST 71 » sera de la partie. Près de 100 généralistes fermeront leurs portes en Saône-et-Loire du 3 au 6 octobre inclus. Au menu : des actions conjointes de « blocage routier » à Chalon-sur-Saône et Mâcon avec les « Ainsoumis » et les médecins du « Printemps roannais ». « 60 collectifs régionaux ont voté pour la fermeture des cabinets à partir de samedi. On est prêt à reconduire le mouvement s’il le faut », assure le Dr Stéphanie Grassi, porte-parole du collectif « MST 71 ».
Pas en reste, SOS Médecins n’exclut pas des arrêts d’activité début octobre mais laisse le libre choix à ses 62 associations.
Reste à savoir si cette guérilla médicale d’octobre préfigure un mouvement unitaire plus structuré lorsque les élections professionnelles seront achevées. Le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC, estime que la grève en ordre dispersé « ne changera pas les choses ». Mais il veut croire que la mobilisation rebondira, courant novembre, lors du vote définitif de la loi de santé. « On ne pourra pas échapper au blocage sanitaire national et total, c’est une épreuve de force qui s’engage ».
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