EN 2000, à Taba, le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, était prêt à restituer aux Palestiniens 97 % des territoires conquis par son pays en 1967 et à faire de Jérusalem-Est la capitale d’un État palestinien. Le premier élément du raisonnement, en 2010, est qu’une décennie s’est écoulée, que le rapport de forces a changé, que l’environnement géopolitique n’est plus le même et que, si les droits des Palestiniens sont inaliénables, la meilleure façon d’en faire une réalité ne se situe pas dans les analyses d’il y a dix ans.
Il ne s’agit pas, ici, d’exonérer le gouvernement de Benjamin Netanyahou de ses responsabilités, mais d’admettre qu’il est inspiré par d’autres idées que celles des travaillistes israéliens et que ce n’est peut-être pas un hasard si l’audience de leur parti s’est réduite comme peau de chagrin.
On n’a cessé de dire, depuis soixante ans, que le temps ne joue pas pour Israël. C’est vrai dans la mesure où l’absence de frontière entre Israël et la Palestine risque, un jour, de créer une situation à la sud-africaine. Et c’est pourquoi il nous semble que M. Netanyahou, tout occupé à rester au pouvoir grâce à son gouvernement de coalition, ne va pas au-delà de l’avenir immédiat, au mépris des intérêts historiques de son pays. Mais, s’il est admis qu’il dispose d’une capacité infinie de passivité face aux exigences bien naturelles des Palestiniens, il peut aussi répondre qu’il n’a pas une seule bonne raison, pour le moment en tout cas, de faire des concessions.
Le Premier ministre israélien ne met pas en doute la bonne volonté de ses interlocuteurs. Mais il n’y a rien, dans ce qui se passe dans la région, qui l’incite à construire une paix que le Hamas et le Hezbollah s’emploieront à détruire. Comme il est de bon ton de toujours accabler Israël, on reproche encore à Sharon d’avoir évacué Gaza unilatéralement. C’était pourtant un geste à la fois historique et magnifique : il suffisait que les Palestiniens en fissent une zone de développement humain, comme ils sont en train de le faire en Cisjordanie. Malheureusement, le Hamas a transformé en zone d’agression contre Israël et le monde n’a pas fini de blâmer l’État juif parce qu’il s’est permis de riposter en 2007 et parce qu’il a arraisonné des navires « humanitaires qui tentaient de forcer le blocus de Gaza.
LE CONTEXTE DES RELATIONS ISRAËL-PALESTINE A ÉTÉ BOULEVERSÉ EN DIX ANS
Les Israéliens ont donc une expérience négative de l’évacuation. Ils sont les champions du nettoyage ethnique dirigé contre eux-mêmes. Begin a arraché du sol la colonie de Yamit, dans le Sinaï ; Barak a évacué le Sud-Liban ; Sharon a évincé les colons de Gaza. Le Hamas a bombardé Israël pendant huit ans et n’a pas fini de le faire ; le Hezbollah a tiré quelque 5 000 roquettes sur Israël en 2006. Il en amassé 50 000 dans la perspective d’une nouvelle guerre. Bien entendu, l’opinion mondiale est sévère, comme toujours, pour Israël, chaque fois qu’il fait payer à l’agresseur le prix de l’agression. L’ONU, l’Europe, le monde arabe, la Russie sont des censeurs permanents d’Israël, tout en étant tellement incapables d’apporter un soulagement aux Palestiniens que l’on peut se demander si, derrière les discours de façade, ils ne sont pas en faveur du statu quo. Armés par la Syrie et l’Iran, à qui le Hamas et le Hezbollah font-ils peur ? À l’Arabie saoudite et à l’Égypte qui redoutent la nucléarisation de l’Iran et qui, paradoxalement, ne disposent pas aujourd’hui de meilleure protection contre Téhéran que la force militaire israélienne. Ce n’est ni au Caire, ni à Riyad, ni à Amman que l’on va encourager ou armer les mouvements islamistes. C’est pourquoi, quand la Turquie révise ses alliances, milite agressivement contre Israël et se rapproche de l’Iran, elle se livre en réalité à une diplomatie grossière qui, certes, peut lui valoir quelques applaudissements de la foule arabe, mais ne convient guère à des régimes menacés par les visées hégémoniques de l’Iran, en Irak et en Syrie d’abord, et au-delà par la suite. On explique souvent que la détente au Proche-Orient, l’apaisement des Iraniens et de leurs mouvements satellites dépendent d’une paix israélo-palestinienne. Rien n’est moins sûr. Tous les précédents historiques prouvent le contraire. Non seulement il faut rassurer l’État juif avant de faire la paix, mais il faut rassurer aussi les régimes arabes dits modérés.
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