L’INTERVENTION précoce auprès de familles vulnérables a-t-elle un impact sur la santé mentale de la mère et de l’enfant en période périnatale ? Initié par une équipe de recherche des hôpitaux Maison-Blanche et Bichat, le projet CAPEDP (Compétences parentales et attachement dans la petite enfance - diminution des risques liés aux troubles de santé mentale et promotion de la résilience), est né d’un double constat : l’augmentation des consultations en psychiatrie pour des enfants présentant des troubles du comportement et la corrélation statistique entre le fait de vivre dans des « contextes de vulnérabilité et l’expression d’une souffrance psychique ».
L’expérimentation, commencée fin 2006 à Paris et en proche banlieue, a consisté à proposer une intervention précoce à domicile en direction de familles avec des risques de vulnérabilité psychosociale, depuis le troisième mois de grossesse de la mère jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Les mères ont été recrutées sur la base du volontariat, en fonction de facteurs de risque et de critères définis en amont : l’âge (moins de 26 ans), le rang de la grossesse (primipares), le niveau d’éducation (inférieur au bac), l’isolement affectif et le faible revenu (CMU ou AME). Après sélection, les participantes ont été réparties de façon aléatoire dans deux groupes : l’un recevant les visites régulières à domicile (selon le besoin des familles), le second bénéficiant du dispositif de droit commun organisé par les services de la protection maternelle et infantile (PMI). Les intervenantes à domicile étaient des jeunes psychologues formées et supervisées par des pédopsychiatres des inter-secteurs concernés.
Dépression maternelle.
L’étude avait pour objectif de consolider les compétences parentales et les relations d’attachement mère-enfant, de permettre à la mère de mieux faire usage des réseaux de soins existants et finalement d’améliorer la santé mentale de la mère et de l’enfant. Le nombre de femmes inclues était de 415, avec un âge moyen de 22,3 (53 % étaient nées hors de France). Près de 50 % des grossesses étaient non voulues. Malgré la fréquence des visites à domicile, la différence du taux de dépression post-partum à trois mois n’est que peu significative et voisine les 30 % pour les deux groupes. « Les résultats sont légèrement décevants sur la dépression post-partum », reconnaît l’un des auteurs de l’étude, le pédopsychiatre Antoine Guédeney. « Il semble toutefois que plus le risque est important, moins l’intervention est efficace », précise-t-il. Les compétences parentales aux deux ans de l’enfant restent sensiblement équivalentes. Il y a cependant de bons résultats, souligne le médecin. Les femmes qui ont été suivies à domicile ont tendance à augmenter leurs contacts avec les services de la PMI et les autres intervenants du secteur. Et surtout, l’impact de la dépression maternelle est atténué : « il y a moins de comportement de retrait social chez les nouveau-nés à 18 mois », indique le Dr Guédeney sans que les auteurs de l’étude ne sachent encore imputer précisément ce résultat. Il reste que les interventions à domicile de psychologues formés sont plus efficaces que les visites des infirmières, en particulier sur les enfants. « Il s’agit également d’une première expérience de psychothérapie » pour ces femmes vulnérables, poursuit le pédopsychiatre.
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