CE MEURTRE au nom de la foi est le deuxième en deux mois. Le gouverneur de la province du Penjab, Salman Taseer avait déjà été exécuté dans des conditions identiques, parce qu’il avait pris la défense d’une femme, Asia Bibi, une chrétienne, dont la seule faute était d’avoir eu une altercation verbale avec une musulmane pour laquelle elle portait de l’eau ; il réclamait la suppression de la loi sur le blasphème qui punit de mort une personne qui « insulte » le prophète. Asia Bibi a été condamnée pour blasphème, ce qui a soulevé un tollé dans le monde occidental et au Vatican, qui réclame sa grâce et l’abolition d’une loi inique, dictée par le pire des fanatismes religieux. Ces deux graves événements, qui se sont produits au Pakistan, pays de toutes les intolérances et de l’expansion de l’intégrisme islamiste, s’ajoutent aux actes de persécution constatés un peu partout dans le monde arabe, notamment en Égypte, où la minorité copte fait l’objet de discriminations, et même d’attentats sanglants.
L’irresponsabilité de Zardari.
Le président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, et son gouvernement constituent un modèle d’irresponsabilité. M. Zardari, soutenu par les États-Unis, qui n’ont pas de meilleur interlocuteur, pratique le double jeu, comme son prédécesseur Pervez Moucharraf. Théoriquement, il combat les Taliban et les intégristes d’Afghanistan. En réalité, il est incapable de mettre de l’ordre dans son armée et dans ses services de sécurité qui, alternativement, poursuivent les intégristes ou leur permettent de recruter des combattants pour la guerre d’Afghanistan. Jusqu’à présent, cette méthode, inspirée par un fond d’antiaméricanisme autant que par la culture du pouvoir autoritaire, revient à faire la part belle aux intégristes. Surtout, M. Zardari vit d’expédients. Qu’importe la persécution des chrétiens pakistanais tant qu’il n’est pas lui-même menacé par les islamistes ! Dépourvu de tout scrupule, il laisse son pays s’abandonner aux pires des comportements et ne semble pas se rendre compte que, à terme, c’est lui-même qui sera visé par les terroristes.
UN SYSTÈME ANARCHIQUE D’UNE CRUAUTÉ INQUALIFIABLE
Le Pakistan, depuis l’intervention de l’OTAN en Afghanistan, n’est que le théâtre illusoire des mensonges et de la duplicité. On laisse assassiner celui qu’on prétend défendre, comme on l’a vu avec Asia Bibi, Salman Taseer et maintenant Shahbaz Bhatti. On fait à peu près tout ce qu’il faut pour que les intégristes trouvent refuge dans les villes orientales du Pakistan, pour qu’ils y recrutent des combattants et se réapprovisionnent en vivres et en armes. M. Zardari n’a pas d’autre perspective que l’avenir à très court terme. Il ne fait que gagner du temps alors que le temps joue contre lui. Et le prix d’une seule journée au pouvoir se traduit par la perte de quantités de vies humaines en Afghanistan et au Pakistan.
L’impuissance de l’Europe.
Le Vatican et les Européens ont réagi avec la plus grande fermeté contre les assassinats de chrétiens ou d’amis des chrétiens. Ils exigent l’abolition de la loi sur le blasphème qui revient à préparer l’élimination, par la mort ou par l’exil, de la minorité chrétienne, ainsi que l’instauration d’un ordre islamiste qui ne fera aucune concession ni à la démocratie ni à M. Zardari. Les États-Unis, depuis le départ de M. Moucharraf, n’ont pas trouvé la solution. Ils savent qu’en aidant les intégristes et Al-Qaïda autant qu’il les aide, M. Zardari pratique la politique du bord de l’abîme, qu’ils ne peuvent pas vraiment compter sur lui et que le Pakistan, État nucléarisé, peut basculer à chaque instant, dans la pire des dictatures. Malheureusement, ils n’ont pas d’autre option que de l’encourager, en dépit de sa médiocrité et de son manque de courage politique et garder avec lui des relations qui leur accordent une influence marginale. En attendant, 2 % de chrétiens au Pakistan, c’est quand même 3,5 millions de personnes, pauvres pour la plupart, persécutées, et qui risquent leur vie, dans un système d’une cruauté inqualifiable. Et auxquelles ni l’Europe ni le Vatican n’ont les moyens de venir en aide.
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