COMMENT le petit humain apprend-il ? Comment se façonne et se développe son cerveau ? Y a-t-il plusieurs formes d’intelligence et comment sont-elles en interaction dès le plus jeune âge ? C’est à ces questions, que se posent tous les parents soucieux de guider au mieux leurs enfants sur le chemin de l’apprentissage, que répondent Maïté Sauvet, spécialiste des neurosciences, et Laure Leter, journaliste.
Ce que l’on sait aujourd’hui de l’intelligence, de ses différentes formes, de l’apprentissage, de la mémorisation, de l’initiation de l’action, de l’apprentissage du langage, est expliqué de façon claire et accessible dans une première partie de l’ouvrage,
tandis qu’une seconde, résolument pratique, expose les moyens accessibles à tous pour faire au mieux.
Avec la clarté que le lecteur avait déjà pu découvrir dans ses précédents ouvrages grand public consacrés à la sexualité,
Maïté
Sauvet nous fait partager sa passion pour la plasticité du cerveau et ses interactions constantes avec l’environnement pour se développer. De même que l’enfant apprend pas à pas, le lecteur progresse page après page dans sa compréhension du sujet. De petits tests lui permettent de saisir un des messages essentiels de l’ouvrage : la majorité des étapes d’une réflexion ou d’un raisonnement passent par un ressenti, une émotion. D’où les blocages, ou au contraire la facilité que ressentira un enfant devant certains apprentissages, selon l’expérience émotionnelle qu’il en aura eu. D’où aussi la nécessité de mettre en pratique, de ressentir un besoin pour apprendre.
L’enseignement en général, et celui des langues en particulier, pâtit d’être souvent trop abstrait, expliquent les auteurs, arguments
neurobiologiques à l’appui. L’ouvrage fourmille d’exemples, de l’apprentissage des mathématiques et de la physique à celui de la lecture ou d’un instrument de musique en passant par le rôle des explorations physiques du bébé dans l’apprentissage du langage, pour montrer l’intrication et les interactions entre le cerveau et l’environnement. Pour souligner le rôle de la participation active de l’enfant dans la qualité de ses acquisitions ( d’où le rôle néfaste de la passivité devant la télévision ou l’ordinateur) et celui du maillage social dans le développement de l’intelligence. De quoi convaincre les plus récalcitrants des bienfaits de l’ouverture aux autres et de la diversité des rencontres et des pratiques !
Intelligence musicale.
Sujet d’analyse pour les
neurosciences, la compréhension de l’impact de la musique sur notre cerveau et notre humeur a, elle aussi, largement bénéficié des progrès de la
neuro-imagerie fonctionnelle. On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas de « centre de la musique » unique mais des réseaux dispersés et conjointement impliqués et qu’écouter de la musique est une activité non seulement auditive et émotionnelle mais également motrice. La musique, que
Maïté
Sauvet et
Laure
Leder nomment, dans leur chapitre sur l’intelligence musicale, « intelligence de l’indicible », met en jeu un grand nombre d’aires cérébrales. D’où les perturbations étranges provoquées par des lésions neurologiques, comme l’explique
Oliver
Sacks : du chirurgien frappé par la foudre qui devient mélomane et pianiste à 40 ans aux rares sujets
amusiques pour qui la plus belle des mélodies n’est que bruit de casseroles, en passant par les amnésiques, chez qui la musique fait resurgir des souvenirs.
Le neurologue britannique excelle, une fois de plus, dans l’art d’observer et de raconter des histoires médicales, de se saisir de singularités et de bizarreries cliniques pour mieux nous entraîner dans des démonstrations et des explications
neurobiologiques «
bluffantes ». Comment notre cerveau écoute-t-il la musique, entend-il une mélodie, saisit-il un tempo ? Pourquoi certaines personnes y sont-elles particulièrement et positivement sensibles alors que d’autres y sont imperméables ?
Oliver
Sacks multiplie les démonstrations pour notre grand plaisir » : les patients
parkinsoniens redécouvrant temporairement une motricité correcte selon le tempo, les puissantes sensations gustatives, olfactives ou visuelles surgissant à l’écoute, voire à la seule pensée, d’une mélodie, les mouvements du moignon du pianiste
Wittgenstein (frère du philosophe du même nom) à l’audition d’un morceau, L’ouvrage passionnera les mélomanes comme les
musicophobes, les médecins comme les artistes d’autres disciplines.
Maïté Sauvet, Laure Leter, « Votre enfant est naturellement doué - Comprendre et guider les intelligences de votre enfant de 0 à 6 ans », Éditions Chiron, 312 pages,23 euros.
Oliver Sacks, « Musicophilia - La musique , le cerveau et nous », Seuil, 472 pages, 25 euros.
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