« LE TIERS de la population née après 1980 est allergique. D’ici 2050, la moitié des Français seront atteints de cette affection. Ceux-ci devront notamment prendre en considération leur environnement intérieur, c’est-à-dire le domicile dans lequel ils vivent, pour éviter ou minimiser les risques de développer une allergie respiratoire », affirme le Pr Frédéric de Blay, pneumo-allergologue (hôpitaux universitaires de Strasbourg) et président de la Société française d’allergologie (SFA).
Mais en matière de pollution intérieure, les idées reçues sont nombreuses. Le domicile conserve, souvent à tort, sa valeur refuge. D’après l’enquête du CSA pour le Comité français d’observation des allergies respiratoires (CFOA)*, les personnes souffrant d’une allergie respiratoire semblent peu conscientes de leur exposition personnelle à la pollution intérieure (31 %). Et ce même lorsqu’elles sont allergiques aux acariens (36 %) ou lorsque leur pathologie a été diagnostiquée par un allergologue (32 %).
«Pourtant, 50 % des asthmes allergiques des adultes (80 % des asthmes de l’enfant) sont dus aux acariens. Ceux-ci sont notamment présents à la maison : dans les matelas, le linge, les meubles... Les animaux domestiques, surtout les chats, sont également responsables d’allergies respiratoires. Quant aux moisissures, elles provoquent 10 % des allergies et peuvent libérer des allergènes, des substances toxiques (mycotoxines...) et des composés organiques volatils. Au final, nous sommes donc exposés à un cumul de polluants dans notre domicile », souligne le Pr de Blay.
Un fait que nombre de personnes allergiques tendent à minimiser. Dans le détail, ce sont dans les transports en commun (55 %), dans les grandes surfaces (59 %) ou dans leur voiture (50 %) que les personnes allergiques se sentent le plus exposées à la pollution intérieure. Elles sont déjà moins nombreuses à se sentir exposées sur leur lieu de travail ou de scolarisation (39 %), dans les salles de cinéma ou de théâtre (32 %) ou encore, lorsqu’elles sont à l’hôtel (35 %) ou chez elles (24 %).
Des mesures à prendre.
Par ailleurs, plus l’allergie est sévère, plus les individus se disent concernés par leur environnement intérieur. Ainsi, 61 % des personnes souffrant d’allergie respiratoire estiment que la pollution intérieure est dangereuse pour eux-mêmes (65 % en cas d’allergie modérée ou sévère). La quasi-totalité estime qu’un environnement intérieur pollué peut non seulement aggraver leurs symptômes (99 %) mais aussi déclencher des allergies respiratoires (98 %). Les rhinitiques sévères sont les plus touchés : ils signalent plus de trois symptômes liés à la pollution intérieure, parmi lesquels se détachent la toux sèche, la rhinorrhée, les maux de tête et les picotements des yeux.
Pour lutter contre la pollution domestique, 97 % des allergiques déclarent déjà aérer leur logement matin et soir. Ils prennent soin de son environnement en lavant davantage leurs draps et oreillers (88 %), en faisant parfois un ménage intensif (79 %), en utilisant des housses anti-acariens (42 %) ou en remplaçant la moquette par un autre type de surface (61 %). « Les médecins doivent également être mieux informés au sujet des mesures à prendre pour disposer d’un environnement intérieur sain. Ces derniers peuvent notamment recommander aux patients allergiques la visite à domicile de conseillers en environnement. Une mise au point visant à rectifier les perceptions erronées sur les liens supposés et avérés entre environnement intérieur et allergies respiratoires s’impose », conclut le spécialiste.
* Enquête « L’environnement intérieur, la santé et les allergies respiratoires », réalisée par téléphone le 30 septembre et le 1 er octobre au domicile de 1 001 personnes âgées de 15 ans et plus.
**Le CFOA, créé avec le soutien de Stallergenes, analyse l’impact économique et social des allergies respiratoires sur la population française. Il vise à susciter une prise de conscience sur ce sujet et à mobiliser les acteurs du secteur et les pouvoirs publics pour remédier à ce problème de santé. Pour plus d’informations : www.comite-allergies.org.
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