LE HAUT CONSEIL de la santé publique (HCSP) publie à la Documentation française un rapport sur « Les maladies infectieuses émergentes : état et perspectives », réalisé par un groupe de travail présidé par les Prs Catherine Leport et Jean-François Guégan. Le HCSP avait lui-même été saisi en février 2009 d’une demande la direction générale de la Santé concernant les effets qualitatifs du changement climatique sur la santé en France. Parmi les personnalités consultées : les Pr François Bricaire, Philippe Brouqui et Jean-François Delfraissy et des épidémiologistes comme Jean-Claude Desenclos ou Antoine Flahault.
Les experts ont tenté de répondre à deux questions : Comment reconnaître et surveiller l’apparition et l’évolution de ces maladies infectieuses émergentes ? Comment comprendre les facteurs favorisant leur survenue pour préparer une gestion optimale et une meilleure réactivité face aux futures crises sanitaires ? L’enjeu : mieux faire face aux futures crises sanitaires liées à ce type de maladies.
Quatre maladies émergentes récentes sont évoquées dans le rapport : le sras, les infections à virus West Nile, le chikungunya et les infections à entérocoques résistants aux glycoprotéines. Les principaux facteurs et déterminants biologiques d’émergence sont discutés, de même que les indicateurs et les modalités d’une surveillance existants et à développer.
L’éclairage des sciences humaines et sociales n’est pas oublié, avec notamment l’épidémie de grippe A(H1N1)2009. « Dans la plupart des pays développés – à l’exception notable de la Suède et du Canada –, les pouvoirs publics ont échoué dans leur volonté de convaincre une majorité de leurs citoyens de se faire vacciner, quel que soit le type de dispositif mis en œuvre (par exemple : la gratuité de la vaccination) », souligne le rapport. L’un des principaux enseignements des différentes enquêtes réalisées par les spécialistes des sciences sociales « tient au fait que la décision vaccinale résulte moins d’une réflexion individuelle que d’une réflexion socialisée sur laquelle les proches et les professionnels de santé exercent une influence considérable. En situation d’incertitude sanitaire, les gens tendent à déléguer (au moins en partie) leur prise de décision à des "institutions" de proximité auxquelles ils accordent une grande confiance », notent encore les experts.
Propositions prioritaires.
Dans leurs recommandations, au nombre de 25, les experts insistent justement sur le rôle des sciences humaines et sociales, que l’on doit mieux « impliquer dans la veille scientifique et technique ». Quatre recommandations sont jugées importantes, les deux premières étant prioritaires : l’approche interdisciplinaire, la mise en place d’un groupe de prospective et d’expertise, le lancement d’un plan stratégique flexible, la mise en place d’un fonds interministériel d’urgence. L’approche interdisciplinaire s’impose comme « un principe indispensable » de la lutte contre les maladies infectieuses émergentes afin de promouvoir la recherche, l’analyse, la gestion du risque et l’action et devrait être « inscrite dans la loi de santé publique », précisent les experts. Maladie infectieuse émergente est « synonyme de déficit de connaissances », insistent-ils. Concernant le groupe de prospective et d’expertise, ils proposent « une organisation innovante » : le groupe serait permanent, avec des experts susceptibles à tout moment, et de manière collégiale, d’analyser, d’interpréter et de conseiller les gestionnaires du risque « en temps réel ». Doté de moyens financiers et humains, il aurait pour mission d’interpréter les nouvelles connaissances, de synthétiser les retours d’expériences et d’effectuer une analyse critique des actions mises en œuvre. La diffusion publique de ses travaux devrait contribuer à sensibiliser les professionnels et les citoyens à ce risque.
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