Avec moins d'une personne sur deux vaccinée en 2016 (pour lesquelles la grippe représente un risque), la France reste très loin des objectifs de santé publique fixés par l'OMS à 75 % de la population concernée.
Pour améliorer la situation, MG France avance un projet de charte entre généralistes et pharmaciens afin de mettre en place, à titre expérimental, des stocks de vaccins antigrippaux dans les cabinets. Cette idée a déjà été défendue il y a un an exactement : en octobre 2016 en effet, le même syndicat de généralistes recommandait de favoriser la « vaccination d'opportunité » en demandant à chaque officinal de doter « chaque lundi les médecins traitants qui le souhaitent » d'un lot destiné à la vaccination de leur patientèle pour les six jours qui suivent. L'idée a donc mûri…
Selon le projet de charte, les officinaux s’engageraient à délivrer gracieusement aux médecins volontaires un lot de 10 vaccins antigrippaux par semaine, « une ou deux fois, selon l'équipement du cabinet médical en matière de réfrigérateur pour respecter les conditions de conservation des doses vaccinales », puis à compléter le stock en fonction du nombre de vaccins utilisés et tracés par les bons de gratuité (que les médecins devront ensuite remettre aux pharmaciens pour remboursement).
Les échanges d'information pourront se faire au début grâce à « une fiche de transmission papier et une mention du vaccin et du numéro du lot dans le dossier patient en attendant la mise en place d'un système d'information partagé », suggère le Dr Jacques Battistoni, vice-président de MG France.
Afin d'évaluer cette expérimentation de circuit court, MG-France propose de recueillir sur un site spécifique plusieurs données statistiques : nombre de médecins et pharmaciens concernés, nombre de bons remis et de vaccins redistribués. Pour le médecin, « l'objectif est d'améliorer la couverture vaccinale et non pas de se substituer aux infirmières qui pratiquent déjà cette vaccination ou encore de gagner de l'argent », précise le Dr Battistoni.
Frein
Interrogé par « le Quotidien » au sujet de cette initiative, l'Ordre national des médecins fait valoir qu'il a été à l'origine de cette même proposition adoptée dans la loi de Santé mais retoquée par le Conseil constitutionnel. « Il n'y a pas aujourd'hui d'outil législatif. Un outil contractuel est peut-être envisageable… Mais attention donc aux responsabilités des uns et des autres sur ce type d'initiative », prévient le Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre.
Du côté des pharmaciens, la question juridique est également un obstacle possible. « Il faudra s'assurer que les pharmaciens soient bien dans les clous légalement avant de se lancer dans cette expérimentation », met en garde Philippe Gaertner, président de la Fédération des pharmaciens d'officine (FSPF). Quant au deuxième syndicat représentatif (USPO), son président Gilles Bonnefond juge inutile de formaliser cette pratique « qui se fait déjà sur le terrain ». « Si les médecins demandent officiellement un stockage de vaccins, ils devront être soumis aux mêmes contraintes légales que les pharmaciens en termes de contrôle de la traçabilité et de respect de la chaîne du froid ».
La question des modalités de la politique vaccinale revient sur le devant de la scène. Depuis le 6 octobre, dans deux régions françaises (Nouvelle Aquitaine et Auvergne Rhône-Alpes), quelque 3 000 pharmaciens volontaires peuvent vacciner contre la grippe saisonnière à l'officine dans le cadre d'une expérimentation pour trois ans...
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