ÉRIC BESSON engagera avant la fin de la semaine le démantèlement complet de la jungle calaisienne. Le ministre de l’Immigration précise que cette mesure, annoncée dès le mois d’avril, fait suite à des « comptes rendus » sur « une remontée très forte de la délinquance dans le Calaisis, après plusieurs années d’accalmie due à la fermeture du centre de Sangatte, en 2002 ». Le ministère ajoute que, « depuis six mois, un squat ou campement est fermé chaque semaine » et que « 30 filières clandestines ont été démantelées », tandis que, dans le cadre d’une « aide humanitaire aux migrants les plus fragiles », 170 demandes d’asile ont été enregistrées depuis le 1 er janvier, « avec délivrance d’un titre de séjour provisoire et d’un hébergement ».
Le démantèlement des campements sur la zone forestière proche du port de Calais suscite l’inquiétude parmi les médecins et les humanitaires. « La destruction de la jungle ne réglera rien, affirme le Dr Olivier Bernard, président de Médecins du Monde, qui demande que le renforcement des moyens d’accès à la PASS de Calais et le déploiement de moyens mobiles de prise en charge médicale et sanitaire des migrants. »
Directeur médical de la PASS, le Dr Mohamed El Mouden exprime quant à lui sa « vive préoccupation devant une mesure qui va priver la population réfugiée dans la jungle de ses protections contre le froid, alors que l’automne arrive et avec elle la saison des grippes et des pathologies broncho-pulmonaires. »
Pour le PH, « les migrants vont se déplacer de quelques kilomètres sur la route de Graveline, en direction de Dunkerque ou de Saint-Omer, mais leur très grande majorité ne sollicitera pas le droit d’asile, l’ayant déjà fait dans d’autres pays, principalement la Grèce et l’Autriche, vers lesquels ils risqueraient d’être expulsés. De nouvelles jungles vont donc proliférer près de Calais, avec une population qui reste stable, aux environs de 500 à 600 personnes. »
En tout état de cause, affirme le Dr El Mouden, « la progression de la délinquance évoquée par M. Besson n’est pas vérifiée aux admissions des urgences du centre hospitalier, les clandestins subissant leurs conditions très précaires sans commettre d’actions violentes ».
« Sortis de la jungle, estime également l’abbé Jean-Pierre Boutoille, du collectif d’associations C-Sur, les Afghans partiront à 100 ou 200 m de là. Depuis la fermeture de Sangatte, les squats sont régulièrement vidés et fermés, ça ne change strictement rien au problème. Au contraire, il faudrait prendre le temps de les informer sur leurs droits. »
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