Leibniz écrit que, se mettant à philosopher, son esprit s'est aventuré en pleine mer, mais qu'en abordant les rapports de l'âme et du corps, il fut « comme rejeté vers le port ». De fait, ce corps souple et complice qui semble avec notre moi intime faire... corps, peut être atteint par la simple fatigue, plus gravement par la maladie et le handicap.
Comment, au travers de quel parcours, des êtres en débat avec leur corps sont-ils allés tutoyer les étoiles ? Alors que se déroulent à Rio les jeux Paralympiques, c'est ce qu'éclairent ces entretiens avec des athlètes français atteints de très sérieux handicaps, malvoyants, non-voyants, paraplégiques ou atteints de sclérose en plaques.
Le livre débute et revient sans cesse sur les vertus de l'activité sportive, qui, entre autres, permet d'affermir l'image de soi, redonne confiance après un échec. Des mécanismes que l'on peut voir à l'œuvre chez tout un chacun, mais qui sont encore plus importants chez une personne handicapée, pour qui le regard des autres revêt une grande importance, un regard souvent disqualifiant, condamnant parfois à l'exil social.
On objectera qu'aucune activité humaine ne possède en soi une vertu résiliente et que la création artistique, par exemple, par la sublimation qu'elle réussit à créer, vaut bien le sport. L'auteur lui-même reconnaît que les champions rencontrés possédaient forcément un fort « potentiel ». Quid de ceux qui physiquement ne l'ont pas, tout en ayant une forte volonté résiliente ?
Il manque souvent à la réussite un élément essentiel. On s'aperçoit que le handicap a pu être géré par le fait d'être accompagné, souvent bien sûr par des parents, susceptibles de bien accueillir un enfant handicapé pouvant en même temps les perturber eux-mêmes.
Il faut lire ce livre extrêmement touchant, s'inscrivant sous le signe de Boris Cyrulnik, qui fait comprendre comment on peut « faire de sa blessure un merveilleux malheur ».
* Odile Jacob, 150 p., 19,90 €
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