« Merci Fillon, merci Touraine ! ». C'est le cri du cœur lancé il y a quelques jours par Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, saluant « l'irruption » de la santé et de l'assurance-maladie dans la campagne présidentielle à la faveur de la polémique sur le reste à charge entre le champion de la droite et la ministre de la Santé (lire ci-dessous).
Pour la première fois depuis des lustres, la santé s'invite, et même s'incruste, dans la course à l'Élysée. Le programme de François Fillon, qui envisage de concentrer la solidarité nationale sur le remboursement des affections graves ou de longue durée, est-il réalisable ? Le « modèle social » est-il menacé ? Quelle place pour les mutuelles ? Quid d'une franchise médicale universelle en fonction des revenus ? Tiers payant, Aide médicale d'État, panier de soins… Autant de sujets qui ont surgi dans le débat public (avec la caisse de résonance des réseaux sociaux) et sont désormais mis en avant par certains candidats. Ces derniers jours encore, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg ou Marine Le Pen ont dénoncé, chacun dans leur registre, la menace de « casse sociale » en cas de victoire d'une droite libérale. Un refrain entonné aussi par François Hollande, au moment d'annoncer sa décision de ne pas briguer un second mandat…
Débattre mais pas renverser la table
De nombreux experts du secteur constatent que la santé prend du poids dans la compétition pour l'Élysée. « 2017 devrait faire exception dans la longue liste des campagnes où la santé n'a pas existé, veut croire Thierry Pech, directeur général du think tank Terra Nova. Les Français, eux, ont de bonnes raisons de placer la santé en haut de leur agenda mais, attention, ils ne veulent pas pour autant qu'on renverse la table ».
Récemment interrogés* par Odoxa sur la place de la santé dans le débat électoral, les trois quarts des Français considéraient que ces questions étaient « rarement » (68 %) ou « jamais » (8 %) abordées par les candidats. Pourtant, un Français sur deux (55 %) assurait que les propositions en matière de santé seraient « susceptibles d’avoir un impact sur leur choix au moment du vote » ! Et 35 % des médecins interrogés partageaient ce constat. Directeur général de la Fondation Jean Jaurès, un autre laboratoire d'idées, Gilles Finchelstein explique que « les thématiques d'identité ont souvent recouvert les questions sociales et de santé » mais que « ces dernières n'avaient pas disparu »…
Des plateformes à gogo
Les contributions de plus en plus fouillées des acteurs poussent à l'émergence d'un débat argumenté sur la santé. Pour la première fois des usagers, industriels, médecins libéraux et établissements ont uni leurs voix au sein d'un « collectif santé 2017 » pour imposer la santé dans le débat politique. La Mutualité vient de lancer un site participatif PlacedelaSante.fr pour « décrypter les programmes » des candidats à l'Élysée. Selon ses calculs, le surcoût de la proposition Fillon consistant à séparer les risques principaux couverts par la Sécu et les petits risques aboutirait à un surcoût de 300 euros par personne et par an. Le 12 décembre, le syndicat de l'industrie pharmaceutique (LEEM) présentera sa plateforme politique, la FHF sortira du bois fin janvier, la CSMF passe tous les candidats au banc d'essai de son « new deal »… Largement de quoi faire de la santé une vraie partie de campagne.
* Sondage réalisé en ligne les 26 et 27 octobre (méthode des quotas) pour Orange, la MNH, la FHF et Ramsay-Générale de santé.
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