Alors que s’ouvre, aujourd’hui à Londres, la conférence – virtuelle – des donateurs de l’Alliance GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization), son président, le Dr Seth Berkley en appelle à la solidarité internationale pour assurer un accès à tous au potentiel futur vaccin contre le Covid-19.
« C'est un problème mondial qui nécessite une solution mondiale et nous devons travailler tous ensemble », a-t-il déclaré, plaidant pour un changement « d'état d'esprit » face à un enjeu de santé publique mondiale, alors que les craintes d’une remise en cause de la coopération internationale grandissent après l’annonce des États-Unis de leur retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La conférence sera notamment l’occasion de lancer un appel aux financements pour l’achat, la production et la distribution d’un futur vaccin contre le Covid-19, avec l’ambition de récolter 2 milliards de dollars.
Un plan d'investissement à 5 ans
Cet objectif s’ajoute à celui de lever 7,2 milliards de dollars, pour les 5 ans à venir, en vue de la poursuite des campagnes mondiales de vaccination menées par l’Alliance, notamment contre la rougeole ou la polio. Ces campagnes ont été largement affectées par la pandémie de Covid-19 : selon l’OMS, l’Unicef et GAVI, 70 pays sont concernés par des perturbations, voire des interruptions, des campagnes de vaccination, menaçant plus de 80 millions d’enfants de moins de 1 an.
« Si le Sommet de Londres atteint ses objectifs, nous serons en mesure de maintenir la vaccination dans les pays en développement, ce qui permettra d’atténuer l’impact de la pandémie. Nous pourrons les aider à maintenir leurs systèmes de santé, ce qui leur permettra d’être prêts à introduire rapidement les vaccins contre le Covid-19. Et d’ici à 2025, nous aurons pu vacciner plus de 1,1 milliard d’enfants, et sauver ainsi 22 millions de vies », déclare l’Alliance.
Ne pas reproduire les « erreurs » du vaccin contre la pneumonie
Dans ce contexte, Médecins sans Frontières (MSF) invite l’Alliance à tirer les leçons des erreurs commises avec l’initiative « Advance Market Commitment (AMC) ». Lancée en 2007, cette initiative visait à accélérer l’entrée sur le marché de producteurs alternatifs de vaccins. Dans le cas du vaccin anti-pneumococcique, ce sont finalement les sociétés pharmaceutiques Pfizer et GlaxoSmithKline (GSK), seuls producteurs, qui ont bénéficié de la majorité de ces fonds. Selon MSF, environ 40 % du budget total de l’initiative, qui comprend 13 vaccins, ont servi à financer des campagnes de vaccination contre les infections à pneumocoques.
En l’absence de vaccin alternatif, l’Alliance avait peu de marges de négociation sur les prix face à Pfizer et GSK, qui ont ainsi perçu, selon MSF, 56 milliards de dollars pour les vaccins et se sont vues octroyer plus de 1,2 milliard de dollars en subventions supplémentaires. Les deux sociétés facturent à l’Alliance environ 9 dollars pour chaque enfant vacciné dans les pays les plus pauvres et jusqu’à 80 dollars dans les pays à revenu intermédiaire.
La donne a changé hier avec le déblocage de fonds en faveur du Serum Institute of India, qui a reçu en décembre 2009 une approbation sur la qualité de son vaccin. Ce nouvel acteur va facturer son vaccin 6 dollars par enfant dans les pays pauvres et 11 dans les pays à revenus intermédiaires.
« Comme GAVI est en train de concevoir un fonds similaire pour financer les futurs potentiels vaccins contre le Covid-19, les leçons importantes du dernier mécanisme de GAVI pour acheter des vaccins contre le pneumocoque pour les pays en développement sont plus opportunes que jamais, commente Kate Elder, conseillère principale en politique des vaccins chez MSF. Le diable est dans les détails : GAVI devrait faire attention à ne pas simplement concevoir un autre gros versement pour les sociétés pharmaceutiques. Si vous voulez stimuler une véritable concurrence qui garantira un approvisionnement suffisant et des prix abordables, vous ne pouvez pas répéter les erreurs du passé. »
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