DE NOTRE CORRESPONDANTE
Les forums régionaux des comités de coordination de la lutte contre l’infection à VIH (COREVIH), organisés en partenariat avec Décision Santé et avec le soutien de ViiV Healthcare, se poursuivent. Avant Montpellier pour le Languedoc-Roussillon, le 30 juin, c’est à Marseille, pour le COREVIH PACA Ouest et Corse, qu’ont été réunis des professionnels de santé et des représentants des associations, pour faire un état des lieux des actions et des dispositifs concernant la lutte contre le sida. « La région PACA est l’une des plus touchées en France, a rappelé le Dr Patricia Enel, présidente du COREVIH. Les indicateurs montrent encore une épidémie persistante et active. Les acteurs s’inquiètent de cette épidémie car les financements baissent. Malgré une forte activité de dépistage, il reste trop de personnes qui ignorent leur séropositivité. On l’estime à 5 000 personnes environ, on peut mieux faire. »
Malgré les plans successifs de lutte contre le sida, il y a une persistance très forte de la maladie, avec 150 000 personnes vivant avec le VIH-sida sur le plan national, 1 700 décès par an et une prévalence qui reste élevée dans certains groupes de population. Le Dr Sylvie Brégigeon, médecin dans le service d’immuno-hématologie clinique de l’hôpital Sainte Marguerite, ajoute au tableau, quelques chiffres alarmants. « Malgré une relative stabilité depuis 2006, on compte 7 000 nouveaux cas par an. Et 50 000 personnes ignorent qu’elles sont séropositives. »
Pour mieux lutter contre l’infection, le nouveau plan VIH/Sida/IST 2101/2014 invite les médecins généralistes à proposer le dépistage du VIH de façon systématique à leurs patients âgés de 15 à 70 ans, afin de détecter et de prendre en charge les personnes contaminées le plus rapidement possible. Les études montrent qu’un tiers des personnes dépistées le sont trop tardivement, alors qu’elles sont déjà au stade sida ou que leur niveau de lymphocytes CD4 est inférieur à 200/mm3. Ce sont les groupes de population qui ne se considèrent pas comme « à risque » qui sont le plus affectés par ce retard de dépistage.
Des freins.
L’arrivée des tests de dépistage rapide (TROD), d’utilisation simple, peut changer les choses et permettre d’élargir la population concernée. Avec notamment l’implication des médecins de ville, qui paraissent à même de pouvoir le proposer au sein d’une consultation globale. « La sensibilisation et la formation des médecins, amenés à proposer ces tests paraissent essentielles, poursuit la spécialiste. Elles devraient permettre, avec la diversification d’autres acteurs de santé, comme les biologistes ou les associations, de toucher encore plus le grand public. » L’étude DEPIVIH sur la faisabilité du test de dépistage rapide, menée en cabinet de ville auprès de 95 médecins d’île-de-France, sur près de 400 patients majeurs, a montré que cette réalisation était aisée, à un bémol près. Le compte-rendu, effectué après l’attente de 30 minutes, n’est pas simple à gérer avec le flux habituel de patients, et le coût de cette consultation particulière n’est pas financé.
Mais ces freins pratiques ne sont pas les seuls. Au cours de la table ronde qui a suivi, Sylvie Ferrara, médecin responsable d’un CDAG (centre de dépistage anonyme et gratuit) à Ajaccio, a fait remarquer qu’il n’est pas simple pour un médecin « d’aborder les questions de sexualité avec ses patients et qu’il faut travailler sur leurs représentations, et inversement ». Il y avait peu de médecins généralistes présents lors de ce forum. Un long travail de sensibilisation doit commencer.
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