LE PROGRAMME de surveillance sanitaire a été mis en place par l’Institut de veille sanitaire (InVS) dès les jours qui ont suivi l’explosion, le 21 septembre 2001, afin d’évaluer notamment les besoins de prise en charge de la population. Différents systèmes d’information ont été confrontés et trois grandes études ont été menées chez les enfants, les habitants de Toulouse, les travailleurs et les sauveteurs. La « cohorte santé AZF », enquête menée avec la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de la Haute-Garonne auprès de 3 600 volontaires, a notamment permis de suivre le devenir professionnel et la santé des travailleurs et sauveteurs de l’agglomération toulousaine sur une durée de cinq ans.
À partir des derniers résultats de ce programme, la CPAM et l’InVS fournissent aujourd’hui de premiers éléments épidémiologiques sur l’impact sanitaire de l’explosion à moyen terme. Si les conséquences sanitaires des rejets toxiques dans l’environnement se sont révélées minimes, en revanche les pertes auditives et les conséquences sur la santé mentale ont prédominé dans les populations, enfants ou adultes, habitants ou travailleurs. Des proportions élevées de symptômes de stress post-traumatique (symptôme de type anxieux comme des cauchemars ou une hyperirritabilité) ont été observées plusieurs mois après la catastrophe ainsi que des symptômes dépressifs. Près de 5 000 personnes auraient commencé un traitement psychotrope dans les jours ayant suivi l’explosion alors qu’elles n’en prenaient pas avant. Par ailleurs, 14 % des participants à la cohorte consommaient encore des anxiolytiques, quatre ans après la catastrophe, et 10 % des médicaments antidépresseurs. Cette consommation d’antidépresseurs a été d’autant plus fréquente que les personnes avaient été proches du lieu de l’explosion.
L’analyse des autoquestionnaires professionnels et de santé des volontaires de la cohorte, remplis annuellement, montre également qu’ils sont nombreux à « déclarer encore un mal-être plusieurs années après l’explosion ». Trois ans après, 15 % des hommes et 22 % des femmes présentaient des symptômes de stress post-traumatique. Cinq ans après, ces proportions étaient de 13 % et 18 %. Les symptômes dépressifs sont même en progression, puisqu’ils concernaient 34 % des hommes et 50 % des femmes en 2005 pour passer respectivement à 42 % et 60 % en 2007.
Troubles auditifs.
Dans le domaine des troubles auditifs déclarés, les résultats montrent également l’importance des acouphènes 5 ans après l’explosion (31 % chez les hommes et 24 % chez les femmes) ainsi que de l’hyperacousie (26 % et 35 %). « Ces résultats témoignent de la persistance des troubles après l’explosion, tant au niveau psychologique qu’auditif », concluent l’InVS et la CPAM. Les résultats définitifs de l’évaluation des conséquences à moyen terme de l’explosion seront disponibles en 2012. Mais les deux organismes conseillent d’ores et déjà de développer l’information systématique et le dépistage des déficits auditifs dans la zone proche de l’explosion et de renforcer la prise en charge psychologique et l’orientation vers des spécialistes.
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