L'opinion publique a d'abord ressenti un soulagement : l'élection de M. Macron avait au moins cet avantage immédiat et essentiel d'écarter du pouvoir Marine Le Pen. Elle n'a pas pour autant négligé les autres composantes de son choix. Il est vrai que Jean-Luc Mélenchon, avec d'autres, a réussi à faire en sorte que plus de 8 % d'électeurs déposent dans l'urne un bulletin blanc ou nul, tandis que l'abstention s'élevait à 25 %. Il y a eu néanmoins un vote d'ahésion à M. Macron, avec d'ailleurs des scores faramineux, notamment en Ile-de-France et dans les grandes villes. Il est donc erroné de dire que la France a seulement demandé à M. Macron de la protéger contre l'extrême droite. Il faut aussi garder à l'esprit que le nouveau président a fait un parcours extraordinaire, qu'il a réussi à monter en quelques mois un mouvement de près de trois cent mille adhérents, qu'il n'a jamais occupé un poste électif, qu'il est le plus jeune président de la Vè République et que, au-delà des événements qui l'ont servi, notamment la disparition de quelques présidentiables, il a eu une intuition politique remarquable, su capter des aspirations nouvelles et proposé des solutions pacifiques capables d'apaiser le peuple, au moment où Mme Le Pen et M. Mélenchon attisaient les flammes de la colère et de la peur.
Certes, Mme Le Pen a doublé le score de son père en 2002 et elle a obtenu quelque dix millions de voix, ce qui représente une progression significative du Front national, devenu un parti comme les autres, pour lequel nombre de nos concitoyens votent sans honte. Mais c'est M. Macron qui lui fait barrage. Ce ne sont pas les partis dits de gouvernement qui, au lieu de soigner les maux dont souffre le pays, ont pratiqué des politiques économiques qui n'ont cessé de décevoir. Le nouveau président est peut-être inexpérimenté mais il a su parler aux Français et maintenant qu'il est élu, ce ne serait pas très malin de l'affaiblir et de rendre au Front la capacité de rebondir, fût-ce sous une autre appellation. La campagne s'est achevée par un feu d'artifice d'imprécations, d'insultes et de menaces contre Macron et par un dialogue psychédélique entre ce jeune homme courtois et une mégère qui a réussi à perdre 7 % de voix en deux heures et demie de conversation. Faut-il aujourd'hui combattre celui qui lui a fait mordre la poussière ?
Tout dépend des électeurs
La sagesse conventionnelle, enfin gagnée par ce qu'il y a eu d'inédit dans la campagne et l'élection, nous informe que, cette fois-ci, le président élu ne peut pas espérer la majorité présidentielle automatique que semble garantir le scrutin à deux tours. Personne n'empêchera la droite de tenter de gagner les élections législatives et de forcer le président Macron à entrer en cohabitation avec elle. Personne n'empêchera la « France insoumise » ni le Front National d'essayer de transformer en sièges à l'Assemblée les pourcentages qu'ils ont obtenus. Mais les électeurs qui ont voté Macron seraient-ils soudain pris de panique, souhaiteraient-ils nuancer leur vote présidentiel, voudraient-ils faire revenir sur le devant de la scène politique les hommes ou femmes qu'ils viennent de rejeter ?
Il est sain que les partis admettent qu'ils ne sont propriétaires d'aucun suffrage. Dans cette année électorale, le seul sujet n'était pas le Front national, ou comment s'en débarrasser. Il y a d'autres sujets, la réforme, le redressement des comptes, la croissance, la création massive d'emplois. On peut discuter ad vitam æternam des mérites comparés des réformes qui nous sont proposées, mais on ne se convaincra pas que les tâches que le pays doit accomplir seront plus vite réalisées par un président affaibli.
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