SUR QUEL RÉSEAU d’entraide les bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME) peuvent-ils compter pour se loger, pour travailler ou pour se soigner ? L’étude publiée par la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) a voulu se pencher sur cette question à partir d’une enquête réalisée en 2007. Instaurée en 1999, l’AME, qui répond à un double objectif humanitaire et de santé publique, a vu le nombre de ses bénéficiaires progresser de 70 000 à 230 000 entre 2000 et fin 2010 (70 % résidant en Île-de-France). Il faut rappeler que, depuis fin 2003, une condition de résidence ininterrompue de trois mois est nécessaire, et que chaque bénéficiaire majeur doit maintenant s’acquitter d’un droit annuel de 30 euros. « Bien que l’AME facilite l’accès aux soins, d’autres facteurs interviennent pour que ce droit aboutisse à un recours effectif aux soins, parmi lesquels le réseau d’entraide joue un rôle important », note Bénédicte Boisguérin, auteur de l’étude. Que ce soit pour trouver un logement, un travail, pour effectuer des démarches ou pour obtenir une aide matérielle ou financière, neuf bénéficiaires sur dix déclarent pouvoir compter sur la famille ou les amis, « la moitié seulement sur un réseau associatif ou social ».
L’aide associative ou sociale semble s’adresser en priorité aux bénéficiaires les plus vulnérables que sont les jeunes, les personnes vivant seules et avec enfants. Cette aide paraît en outre plus accessible à ceux disposant d’un « solide réseau familial ou amical ». Dans cette hypothèse, la famille ou les amis agiraient comme médiateur en facilitant l’accès à ce réseau. La probabilité de recourir à une aide associative est plus élevée pour les bénéficiaires originaires d’Afrique subsaharienne que pour ceux originaires du Maghreb, et moins élevée pour ceux originaires d’Amérique latine ou d’Asie.
Quatre malades sur dix.
Le réseau d’entraide sur lequel peuvent s’appuyer les bénéficiaires de l’AME a des répercussions sur la manière dont ils perçoivent leur état de santé. Deux personnes sur dix qualifient leur état de santé de mauvais ou très mauvais, quatre sur dix déclarent souffrir d’une maladie chronique. Plusieurs facteurs semblent toutefois nuancer ce sentiment. Ainsi, vivre en couple et pouvoir compter sur l’aide de la famille ou des amis vont de pair avec une meilleure perception de la santé. À l’inverse, avoir des enfants restés dans le pays d’origine plutôt que des enfants vivant en France ou pas d’enfants est associé à une perception négative de la santé.
Si le réseau associatif s’adresse davantage aux personnes isolées, il apporte cependant un soutien à ceux qui sont déjà pourvus d’un réseau d’aide personnel. « Cependant l’aide apportée par la famille ou les amis pour effectuer des démarches ne suffit pas pour favoriser le recours au soin, elle doit être complétée par l’aide d’origine associative ou sociale ».
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