L’HISTOIRE DU JOUR

Mort un peu tard

Publié le 18/02/2011
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« Il souffrait énormément et la fin de sa vie a été extrêmement cruelle. Peut-être qu’aujourd’hui il meurt un peu tard » : ainsi Jean d’Ormesson a-t-il accueilli l’annonce de la mort, à 83 ans, de François Nourissier, pilier du monde des lettres, dont l’œuvre court sur plus d’un demi-siècle. D’Ormesson n’hésite pas à le dire : « Cette mort qui est un grand chagrin est un grand soulagement. »

Car outre des malheurs privés, les quinze dernières années de la vie de l’écrivain ont été marquées par le combat contre « Miss P », la maladie de Parkinson, diagnostiquée en 1995, et « M&M », la maladie et la mort. La terrible Miss P, il l’avait d’abord ignorée, reconnaissant plus tard : « Je suis – je ne le savais pas – de la race qui demande, face au peloton, le bandeau noir. » Puis il avait dû ôter le bandeau et celle qu’il appelait aussi la Cantatrice, « cette compagne de chaque instant de ma vie », il l’avait mise dans ses livres. Dans « À défaut de génie », ses mémoires, en 2000, et surtout dans « le Prince des berlingots » en 2003, dans lequel il se décrivait notamment comme une « voiture dont les roues patinent ».

En janvier 2008, il lui avait fallu démissionner de l’Académie Goncourt. Certes, comme le relève Jean d’Ormesson, l’un de ses thèmes était sa déchéance physique. Mais ceux qui l’ont rencontré ces derniers mois font ?d’inquiétantes descriptions. Alors oui, sans doute, la mort qui l’a cueilli à l’hôpital Sainte-Périne, à Paris, est-elle arrivée « un peu tard ».

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8909