L’INITIATIVE FUT LANCÉE lors du sommet de l’Aquila en 2009, lorsque les chefs d’État et de gouvernement du G8 ont prôné « un mécanisme de responsabilité mutuelle permettant d’évaluer les progrès et de renforcer l’efficacité des actions ». Après le rapport de Muskoka (Canada), présenté en juin 2010, celui de Deauville prétend à nouveau faire la lumière sur le financement de l’aide publique au développement (APD).
Dans le sillage de la crise économique mondiale, les pays riches rendent une médiocre copie. Les engagements du sommet de Gleneagles en 2005 laissaient présager une augmentation de l’APD de 50 milliards de dollars entre 2004 et 2010. En réalité, les experts la chiffrent à 48,9 milliards de dollars, dont 31,2 milliards de la poche des pays du G8 ; 1,27 milliard de dollars se seraient ainsi volatilisés depuis les promesses de 2005. Mais en dollars constants (corrigés de l’inflation), ce sont 19 milliards que les donateurs se sont abstenus de verser (ils n’ont donc atteint que les 3/5 des objectifs de l’OCDE). Un écart lourd de conséquences pour l’Afrique : alors que l’APD qui lui est consacrée devait s’enrichir de 25 milliards, 14,5 milliards de dollars (constants) manquent à l’appel.
Concrètement, ce sont autant de progrès sanitaires freinés, malgré l’existence de bonnes pratiques, relatées dans le rapport. À titre d’exemple, le forfait obstétrical lancé par la France en Mauritanie en 2002 permet aux femmes de bénéficier, pour 17 euros, d’une assurance couvrant tous les frais de grossesse. En terme d’intervention ciblée dans les régions les plus en retard, le Japon est exemplaire dans son soutien à la Tanzanie pour créer des services décentralisés. Son plan de formation de responsables communautaires de santé au Ghana est par ailleurs salué par les experts du G8. Enfin, la contribution internationale de solidarité sur les billets d’avion, dont les recettes sont allouées à la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, est citée comme un modèle de partenariat public-privé.
Mais les inégalités persistent dans de nombreuses régions, en particulier en Afrique subsaharienne : l’espérance de vie y est passée de 48 à 52 ans pendant la période 1980-2008. Elle a même reculé là où la pandémie du VIH persiste. Progrès infimes au regard des autres pays à faible revenu, où les populations vivent en moyenne jusqu’à 57 ans, contre près de 70 ans dans le monde.
Santé maternelle, infantile et sida.
L’Afrique subsaharienne est encore sacrifiée sur le plan de la mortalité infantile, qui a baissé de 22 % par rapport à 1990, contre 28 % dans les autres pays en développement. De même pour la santé maternelle : moins d’une Africaine sur 2 bénéficie d’une aide de qualité lors de l’accouchement.
Autres victimes, la baisse des financements touche de plein fouet les politiques contre les maladies infectieuses, la poliomyélite, le paludisme, la tuberculose et la rougeole. Le rapport indique même que « sans mesures supplémentaires de vaccination, la mortalité liée à la rougeole risque d’augmenter rapidement, pour causer environ 1,7 million de décès entre 2010 et 2013 ».
Enfin, la « priorité absolue » déterminée par le G8 qu’est la lutte contre l’infection au VIH n’a pas récolté toutes les sommes promises en 2005. Certes, le nombre de personnes infectées est passé de 3,1 millions en 1999 à 2,6 millions en 2008 et celui des décès a diminué de 20 % entre 2004 et 2009. Mais l’objectif d’un accès universel aux traitements et aux soins n’a pas été tenu, reconnaissent les experts. En outre, la contribution du G8 au fonds mondial de lutte contre le VIH/sida stagne, voire diminue depuis 2007.
« Le G8 continuera-t-il d’oublier 10 millions de malades ? », s’offusquent Act Up-Paris, AIDES et la coalition internationale Sida Plus dans un communiqué commun. Selon ces organisations non gouvernementales, seulement 1 malade sur 3 a bénéficié en 2010 d’un traitement anti-VIH, et 10 millions de patients étaient en attente de soins. Les ONG accusent les pays membres du G8 de refuser leur soutien aux financements innovants, comme la taxe sur les transactions financières, dite taxe Robin des bois, et d’entraver le développement des génériques. Auront-elles gain de cause grâce à la présidence française ? Nicolas Sarkozy s’était voulu rassurant lors d’une réunion avec les organisations en avril...
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