Quels sont les freins à l'activité physique chez les seniors ? Des chercheurs de l’Inserm et de l’Université Paris Cité au sein du Centre de recherche épidémiologie et statistiques ont étudié les différents facteurs associés à la sédentarité pour mieux la comprendre et la prévenir. Leurs résultats, parus dans le « JAMA Network Open », pourraient aider à la mise en œuvre de politiques de santé ciblées pour promouvoir un mode de vie actif.
Alors que l'activité physique est aujourd'hui reconnue comme un déterminant majeur de la santé, l'Organisation mondiale de la santé recommande 150 minutes hebdomadaires d'activité modérée à intense (soit une moyenne de 21 minutes par jour) et de limiter le temps passé en étant sédentaire (assis). Pourtant, ces recommandations sont peu suivies, en particulier chez les plus âgés.
Des différences entre femmes et hommes
Les auteurs se sont appuyés sur les données de 3 896 participants de 60 à 83 ans issus de la cohorte britannique Whitehall II pour évaluer l’impact des facteurs individuels sur l'activité physique quotidienne au cours du vieillissement. Sur la période 2012-2013, ils ont porté pendant neuf jours un accéléromètre afin d’enregistrer des informations liées à l'intensité et à la durée de l'activité quotidienne. Ont été prises en compte également leurs données sociodémographiques (âge, sexe, ethnicité, occupation professionnelle, statut marital), comportementales (consommation de tabac, d’alcool, de fruits et de légumes), de santé (indice de masse corporelle, qualité de vie, maladies chroniques) et d’activité physique, à la fois sur cette période, mais aussi sur 1991-1993.
Des différences entre femmes et hommes ont été mises en évidence : les femmes passent plus de temps à effectuer des activités d'intensité légère tandis que les hommes sont plus sédentaires, tout en passant plus de temps à effectuer des activités d'intensité modérée à forte.
Le fait de vivre seul, un facteur associé à la sédentarité
Il ressort également de cette analyse que l'âge avancé, le fait de vivre seul, l'obésité, les comorbidités et un mauvais état général sont associés à un faible niveau d'activité physique réduite et à un comportement sédentaire. Point important : ces observations ont aussi été faites à des âges moyens de 50 et 60 ans, ce qui suggère que les freins à l'activité sont déjà ancrés.
« Nous avons également pu constater un regroupement des facteurs de risque comportementaux : les personnes plus sédentaires ont tendance à fumer et à moins manger de fruits et de légumes », résume Mathilde Chen, autrice principale de ces travaux, dans un communiqué.
Ces résultats témoignent ainsi de la complexité des freins individuels à un mode de vie actif chez les seniors. « Dans la lutte contre les impacts sur la santé d’une forte sédentarité chez les seniors, ces travaux apportent des arguments en faveur de stratégies de prévention ciblées, intégrant toutes les composantes de l’activité physique et des comportements relatifs à un mode de vie sain, et s’adressant le plus tôt possible aux personnes les plus susceptibles d’être peu actives en vieillissant », conclut Séverine Sabia, investigatrice de l’étude.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce