› DE NOTRE CORRESPONDANTE
IL EXISTE plusieurs spécificités à l’exercice médical en milieu maritime, spécificités liées à des pathologies particulières, à leur prise en charge et à leur prévention, mais également aux problèmes logistiques d’intervention dans les conditions particulières du cadre maritime. Diverses sociétés scientifiques ont vu le jour pour travailler sur la recherche et la formation dans ce domaine, et parmi elles, la société française de médecine maritime (SFMM), née en Bretagne. Ce n’est que plus tard que s’est créée la société médicale méditerranéenne d’urgence maritime (SMMUM) qui travaille plus précisément sur la médecine d’urgence et la spécificité du milieu méditerranéen. « Nous avons ici un peu plus de plaisance, explique le Pr Jean-Pierre Auffray, directeur médical du Samu 13 et président de la SMMUM, plus d’accidents de plongée, ou de nouveaux sports nautiques comme le kite ou le jet ski qui développent une traumatologie particulière, et nous devons mener une réflexion avec le développement de la croisière, sur ces bateaux qui reçoivent plus de 5 000 passagers. Notre ambition est d’organiser le dialogue avec les divers acteurs des secours médicaux en Méditerranée mais aussi de partager nos expériences. » Tous ces thèmes et bien d’autres ont été abordés au cours des premières journées méditerranéennes de médecine d’urgence maritime qui ont réuni très récemment à Marseille, professionnels médicaux et para médicaux mais aussi marins, plongeurs, plaisanciers et acteurs institutionnels sur le site de l’École Nationale Supérieure de la marine marchande.
Des ateliers pour se tester.
Pendant 48h, médecins, secouristes et marins ont partagé leurs travaux et se sont entrainés dans des ateliers pour tester leurs réactions et les dernières innovations permettant l’intervention en milieu marin ou en milieu isolé, en montagne ou dans un hélicoptère.
La prise en charge d’une urgence médicale en milieu maritime doit se rapprocher le plus possible de ce que serait un exercice médical en milieu habituel. « Au départ on projetait des urgentistes parce qu’ils devaient savoir tout faire sans tenir compte de la spécificité du milieu, explique le Dr Mathieu Coulange, du service de Médecine Subaquatique et Hyperbare de l’hôpital Ste Marguerite. Or c’est un milieu très particulier et il est indispensable de travailler sur la formation, sur l’équipement. Et sur le retour d’expériences, car il faut parfois plusieurs heures pour pouvoir intervenir, il faut réadapter nos stratégies thérapeutiques. Par ailleurs le support en lui-même peut être très instable, entraîner des contraintes pour l’urgentiste lui-même et surtout limiter ses moyens thérapeutiques, d’où l’intérêt d’une formation adaptée pour apporter une plus value médicale en mer. »
Effort de formation.
Un diplôme interuniversitaire d’urgence en milieu maritime existe depuis 2006 mais la formation permanente est indispensable. « Le médecin ne doit pas être un fardeau supplémentaire, assure encore Jean-Pierre Auffray. Il existe un gros effort de formation comme en montagne où il faut apprendre à travailler avec un matériel spécifique. » L’expérience menée sur la préparation d’un officier de marine pour la transat à la rame a été minutieusement étudiée. Tout comme les témoignages sur le naufrage du Costa Concordia. Les sauveteurs marseillais se sont retrouvés en première ligne pour accueillir les passagers une fois évacués. « C’est à terre que nous avons dû gérer les situations les plus difficiles, avec des gens qui avaient perdu quelquefois un proche, perdu leur traitement aussi et c’est un stress pour des malades chroniques, souligne le docteur Coulange, c’est un contexte psychologique très particulier, qui nécessite un vrai savoir faire. » L’étude de l’après coup, réalisé avec un pharmacien de l’APHM qui était à bord est riche d’enseignements.
« Nous avons compris que la notion de fatigue doit être intégrée dans la préparation à ce type de catastrophe, avec des gens souvent âgés, en excursion toute la journée, et en fin de croisière. On travaille beaucoup la notion de fatigue en milieu maritime. Beaucoup de noyades arrivent avec des gens qui savent nager ou plonger mais qui n’ont pas intégré la notion de fatigue ou d’épuisement, c’est un de nos axes de recherche, pour le milieu maritime mais aussi le milieu isolé. » Cette spécialité n’en est qu’à ses balbutiements.
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