L A PROSTITUTION étudiante serait de plus en plus répandue et motivée par le besoin de financer des études de plus en plus coûteuses. Pour étayer l’affirmation, Joli Dixon, a épluché des études sur le sujet publiées en 2000, 2006 et 2010. La dernière de R. Roberts et coll., réalisée auprès de 315 étudiants d’une université londonienne montrait que 9,8 % d’entre eux (1 sur 10) connaissaient quelqu’un qui avait dû se prostituer ou se livrer à de l’escorting. Par rapport aux résultats de 2007 révélés dans le « Journal of Further and Higher Education » obtenus également auprès d’étudiants universitaires londoniens (n = 130), l’augmentation semble avérée. En 2000, ils étaient 3,9 % à connaître quelqu’un qui s’était prostitué contre 6,3 % en 2006. Les droits d’inscription, eux, avaient augmenté de 1 354 livres (1 619 euros) à 3 000 livres (3 600 euros) par an sur la même période. « Ces tendances suggèrent une association directe entre l’endettement et la prévalence de la prostitution », souligne Joli Dixon.
Les étudiants en médecine seraient, selon lui, particulièrement exposés en raison d’un cursus plus long et plus coûteux. Cette pression financière, estime Joli Dixon, se double d’une plus forte acceptabilité sociale de la prostitution, notamment dans les médias. Le succès du livre témoignage d’une ancienne call-girl devenue une scientifique reconnue, épidémiologiste et spécialiste en neurotoxicologie, le Dr Brooke Magnanti lui semble symptomatique de cette évolution. Le Dr Magnanti a elle-même expliqué qu’il lui fallait trouver un travail qui ne demandait ni formation ni investissement de départ et qui permettait un revenu conséquent tout en lui laissant le temps d’étudier.
Une référence à la France.
« Si on peut admettre avec bienveillance que des étudiants considèrent la prostitution comme un bon moyen de s’affranchir de la pression financière peut-on l’accepter pour de futurs médecins ? », interroge Joli Dixon. Il observe qu’aucune règle de bonnes pratiques n’a prévu une telle éventualité. Avoir pratiqué la prostitution n’empêche ni d’agir avec probité ni d’établir une relation de confiance avec son patient. De plus, aucun cas n’a jamais été rapporté de patients dont la santé a pu être mise en danger du seul fait que son médecin s’était prostitué.
Dans une revue des législations européennes, Joli Dixon cite le cas de la France qui, dit-il, « comme le Royaume-Uni, n’interdit pas la prostitution elle-même ». Il cite l’ouvrage « Mes chères études, étudiante 19 ans ; job alimentaire : prostituée »* publiée en 2008 où l’auteure Laura D. explique qu’elle n’est pas seule dans ce cas puisque 40 000 étudiants français seraient concernés. L’ouvrage comporte une postface de la sociologue Éva Clouet. Auteure de la première enquête sur la prostitution étudiante** à l’heure des nouvelles technologies de communication, elle est citée dans un rapport récent de la mission parlementaire sur la Prostitution en France et présentée à l’Assemblée nationale en avril 2011. Le rapport conteste le chiffre de 40 000 mais reconnaît la réalité du phénomène : « Si la prostitution étudiante existe sans doute depuis longtemps, elle a été rendue plus facile par l’utilisation d’Internet. » Le rapport qui cite abondamment l’enquête d’Éva Clouet explique que les motivations derrière la prostitution sont le manque de moyens financiers mais aussi le sentiment dune plus grande compatibilité de cette activité avec un emploi du temps étudiant. Le rapport préconise qu’une plus grande attention soit portée à ce type de prostitution « pour laquelle l’absence de données alimente tous les fantasmes ».
*Max Milo Éditions, Paris 2008, 288 p., 18 euros. L’ouvrage a donné lieu à une série diffusée sur canal plus en 2010.
**Éva Clouet, « la Prostitution étudiante », Max Milo Éditions, Paris 2008, 192 p., 16 euros
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