Phénomène de librairie.
Chez First Éditions, on confie que les ouvrages sur le cerveau et sur la mémoire se vendent bien. « Améliorer sa mémoire pour les Nuls » est sorti en poche et « Le cerveau pour les Nuls » de Fred Sedel et Olivier Lyon-Caen, deux médecins chercheurs de l’ICM (institut du cerveau et de la Moelle épinière) a déjà été réimprimé plusieurs fois. Autre succès de l’édition, les ouvrages d’Alain Lieury chez Dunod (40 000 exemplaires). Ce professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Rennes II a pour lui de s’intéresser au sujet bien avant qu’il soit à la mode. Et ses livres s’efforcent de tordre le cou à certaines idées reçues qui repoussent sans cesse. Dernier en date, « Une mémoire d’éléphant ? Vrais trucs et fausses astuces ». La nouvelle diététique du cerveau se porte bien elle aussi, entraînée par les livres de Jean-Marie Bourre (Odile Jacob).
L’entraînement cérébral.
Il faut muscler son cerveau, l’expression a fait florès. La découverte de la plasticité cérébrale puis de la réserve fonctionnelle cérébrale, ont en effet suscité le développement de nombreux programmes d’entraînement cérébraux, cahiers, livres et jeux vidéo. Le programme d’entraînement cérébral du Dr Kawashima, pour la console Nintendo DS, a été vendu à 33,37 millions d’exemplaires dans le monde dont 15 en Europe (chiffre 2010). Selon plusieurs études, ce programme ne ferait au fond qu’améliorer les performances … de réussite aux épreuves du jeu lui-même mais ni les capacités de raisonnement ou de mémoire.
En France, la société Scientific brain training (SBT), dirigée par Michel Noir et le Dr Bernard Croisile, neurologue (auteur de « Tout sur la mémoire », 2009, chez Odile Jacob), a joué les pionniers avec sa méthode HappyNeuron. En dix ans, plus de 75 millions d’exercices ont été réalisés à partir de son site Web, fréquenté chaque mois par 4 à 500 abonnés actifs. SBT vient de lancer son programme sur tablette Archos (369 euros avec la tablette). Sa filiale Creasoft diffuse des versions pour animer les ateliers des maisons de retraite et des programmes de remédiation cognitive à destination des professionnels de santé (www.scientificbraintrainingpro.com).
Les stages mémoire.
Derniers nés, les stages mémoire. Cegos, un des leaders de la formation professionnelle, s’y est mis avec deux jours pour « Améliorer sa mémoire ». (1 150 euros HT). SBT propose depuis septembre des stages individuels à 990 euros. 12 sessions ont déjà été réalisées. Le Learning club, « la première salle de sport de vos neurones » s’est ouverte il y a un an, en ligne et in situ. Le mardi soir à Versailles, on peut s’entraîner pendant une heure et en 20 séances à mémoriser un panorama complet de l’histoire de France ! Toutes ces formations sont éligibles au DIF (Droit individuel à la formation) et prises en charge.
Les mémos papier/électroniques.
Les Français sont, le saviez-vous, les plus gros consommateurs mondiaux de Post-it, avec 40 millions de blocs achetés par an. Substitut des vieux moyens mnémotechniques, de nombreux rappels de taches, électroniques, se développent comme les piluliers électroniques ou les alertes sur smartphone/tablettes tactiles (par exemple l’application iPilule contre l’oubli de pilule ou Car Finder pour retrouver sa voiture). Mem-X, mémo vocal, lancé en 2008, vous délivre à l’heure dite les messages que l’on a pré-enregistrés. Ce produit visait les malades d’Alzheimer. Mais la moitié des clients ne sont pas concernés par la maladie.
Les compléments alimentaires et les alicaments
Entre 2007 et 2009, les ventes de compléments alimentaires ayant pour mission d’améliorer la mémoire et vendus en pharmacie ont progressé de 19 %.
Selon le Quotidien du Pharmacien du 26 avril 2010, pour éviter le déclin cognitif banal lié à l’âge, le cerveau a besoin de recevoir des acides gras essentiels en particulier ceux de la série oméga 3 (dont l’effet sur le cerveau a été découvert par Jean-Marie Bourre) et oméga 6. Le ginkgo biloba et le ginseng sont aussi réputés comme stimulants intellectuels.
Lesieur a lancé en 2007 Isio Mémo, une huile enrichie en oméga 3.
Les effets de la prise quotidienne d’oméga 3 vont être analysés dans l’étude MAPT (ci-dessous)
Une certitude, l’alcool est l’ennemi n° 1 de la mémoire : « ça dézingue les neurones » (Alain Lieury)
Les bienfaits de l’activité physique
Le dernier Neurodon du 21 au 27 mars qui collecte des fonds pour la recherche sur le cerveau a fait campagne sur le thème de la pratique physique qui ralentit le déclin cognitif. Parce que 30 minutes de marche, c’est prouvé, ont un effet positif sur le système cardio vasculaire et respiratoire. « L’exercice physique augmente la dépense énergétique et le débit cardiaque et, donc, le débit sanguin cérébral », souligne le Pr Thierry Paillard, spécialiste de l’enseignement des activités physiques et sportives.
Valider les mesures préventives : l’étude MAPT
1 680 personnes âgées de 13 villes de France ont été sélectionnées pour participer à l’étude MAPT, premier essai de prévention des troubles de la mémoire en France promue par le CHU de Toulouse sous la responsabilité du Pr Bruno Vellas (en partenariat avec l’Institut de recherche Pierre Fabre, Exonit Therapeutics et Avid Radiopharmaceuticals). Il s’agit de personnes de plus de 70 ans vivant chez elles qui présentent au moins un critère de fragilité tel que plainte mnésique, lenteur à la marche ou perte d’autonomie pour la gestion de leur déplacement en transport en commun.
L’étude vise à tester le bien fondé de plusieurs mesures préventives : deux groupes prennent quotidiennement soit des oméga 3, soit un placebo, deux autres groupes pratiquent exercices de stimulation de la mémoire et activités physiques associés à des recommandations nutritionnelles (« intervention multidomaine ») avec soit prise d’oméga 3, soit prise d’un placebo. L’intervention multidomaine consiste en 2 heures d’atelier, mêlant 45 minutes d’activités cognitives (mémoire et raisonnement) et 45 minutes d’activités physiques. C’est intensif le premier mois (2 fois/semaine) pour aider les personnes dans leur quotidien à se constituer des moyens mnémotechniques. Réponses dans trois ans.
Expertiser les dispositifs
Parmi les cinq CEN (centres d’expertise nationaux en aides techniques) soutenus par la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), le centre de stimulation cognitive (CEN STIMCO) installé à l’hôpital Broca en lien avec cinq universités est chargé d’évaluer les systèmes informatisés de stimulation cognitive et de rappel de tâches. « Nous allons faire un inventaire de ce qui existe et mettre en place un référentiel d’évaluation qui débouchera sur un label, explique le Dr Serge Reingewirtz, gériatre, responsable du projet, les méthodes proposées sont-elles acceptables, fiables, efficaces ? Il faut mesurer le service médical rendu y compris en matière de prévention. En dessous de cinq relations sociales par jour, on n’a pas l’apport minimum nécessaire pour nourrir ses fonctions cognitives. Quel rôle peuvent jouer les robots et les aides techniques interactives avec vidéo qui sont une révolution ? »
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